Discussion:Guillard de Beaurieu

De Ecole normale de l'an III
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GUILLARD DE BEAURIEU Gaspard Nicolas Joseph (Saint-Pol-sur-Ternoise, 9 juillet 1728 - Paris, 5 octobre 1795), fils de Nicolas et de Angélique Huguet a été nommé par les représentants du peuple près l'Ecole normale Deleyre et Lakanal. C'est à sa qualité d'homme de lettres et de disciple de Rousseau qu'il doit cette nomination. Il est en effet connu comme l'auteur de L'Elève de la nature, roman paru pour la première fois à la fin de 1763 avec une attribution mensongère à Jean-Jacques Rousseau puis réimprimé en 1764, 1766, 1768, augmenté en 1771 et de nouveau réédité en 1773, 1774, 1776, 1777, 1778, 1783, 1793 et en l'an III. L'ouvrage illustre l'idée d'une éducation purement "naturelle": un Anglais, descendant de Français huguenots exilés décide de "rendre" son septième enfant, qui est un garçon à la nature. Celui-ci est enfermé dans une cage, placée dans une chambre isolée où la nourriture lui est dispensée par le moyen d'un "tour" de telle sorte qu'il n'ait aucun contact avec un être humain; une fois éduqué de cette manière, l'enfant est ensuite abandonné libre sur une île déserte et apprend à connaître, raisonner et sentir, puis à parler lorsqu'il découvre, sur l'île, des habitants. Ramené en Europe par son père pouvoir juger en homme libre des moeurs et des institutions, le héros revient avec sa famille et quelques Européens éprouvés sur son île pour y fonder une société naturelle et y réaliser une éducation commune dans un internat où l'on enseigne selon des méthodes actives et progressives, adaptées à l'âge de l'enfant. Inspiré de Locke et de Rousseau, ce roman philosophique en forme d'utopie, veut éclairer, à partir de la sensation la genèse de la pensée et du langage. le roman est traduit en allemand(Der Schüler der Natur, Danzig-Leipzig 1766 et Der Zögling der Natur oder die Wirkungen der Natur und der Bildung, Prague-Leipzig 1794), en italien (L'allievo della natura, Leyde, 1770) et en anglais (The Man of the Nature, Londres, 1773). Parallèlement à son activité de littérateur, Guillard de Beaurieu est précepteur privé (ainsi en 1760 du comte Louis-Gaétan-Philippe Guislain de Thiennes à Loos). Etabli à Bordeaux au début de 1783, il y ouvre une maison d'éducation pour des enfants admis à partir de l'âge de six ou sept ans. Primauté y est donnée, d'une part à la partie physique (formation du corps et régime alimentaire) et à la partie morale (leçons de vertu), la culture littéraire étant reportée aux environs de la quinzième année. En 1786, il complète son initiative par l'ouverture d'une maison à l'intention des jeunes gens férus de littérature, où seront également données des leçons de musique, de mathématiques et de dessin. En même temps, il donne, à partir de 1785, un enseignement de littérature latine et française destiné à des adultes souscripteurs dans le cadre du Musée de Bordeaux. A cette occasion, il a très certainement rencontré l'abbé Sicard. Sous la Révolution, il soumet en septembre puis en novembre 1793 au Comité d'instruction publique un plan d'enseignement élémentaire qui ne fut jamais examiné. Il figure en nivôse an III (décembre 1794) pour 2000 livres sur la liste des hommes de lettres secourus par le Comité d'instruction publique. En fructidor an III, le commissaire de police de la section du Faubourg Montmartre avise le Comité que Beaurieu tombé malade, a été transporté à l'hospice de la Charité. Celui-ci décide le 8 vendémiaire an IV (30 septembre 1795) que la Commission exécutive lui délivrera 1500 livres et que Lakanal et Deleyre iront le visiter: on ne sait si cette visite a eu lieu puisque Beaurieu est mort cinq jours plus tard. Le pasteur Paul-Henri Marron le décrit ainsi dans la notice nécrologique qu'il lui consacre dans le Magasin Encyclopédique: "Une figure assez semblable à celle qu'en dépit de l'histoire on est accoutumé à donner à Esope, un costume grotesque (comparativement à celui des autres), savoir, un manteau dans le genre de ceux adoptés sur la scène pour les rôles dits à manteaux, un large feutre, des souliers carrés, etc., donnaient à Beaurieu un air d'originalité que ne démentaient ni ses idées, ni sa manière de vivre, ni son caractère."[ A. D. Pas-de-Calais, E dépôt 767/E/4, vue 339, BMS Saint-Pol-sur-Ternoise 1716-1730 (baptême); Magasin encyclopédique, t. VI, p. 529-532; Guillaume, Procès-verbaux... t. I p. 36, t. II, p. 365, t. III, p. 34, t. IV, p. 430, t. V, p. 359, t. VI, P. 739; Robert Granderoute, "Gaspard Guillard de Beaurieu utopie et réalité pédagogiques", Revue française d'histoire du livre, 62e année, n° 80-81, 1993, p.299-311; Gilbert Py, Rousseau et les éducateurs Etude sur la fortune des idées pédagogiques de Jean-Jacques Rousseau en France et en Europe au XVIIIe siècle, Oxford, Voltaire Foundation, 1997, p. 541-550.]