Major Jean-François

De Ecole normale de l'an III
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Notice

-- MAJOR Jean-François (Rembercourt-aux-Pots, 7 avril 1758 – Bar-le-Duc, 1er juin 1841), fils de François, fermier du chapitre cathédral de Toul, et d’Anne Anchier, a été nommé par le district de Bar-sur-Ornain comme l’atteste un certificat de la Commission exécutive de l’Instruction publique en date du 3 nivôse an III (23 décembre 1794) conservé dans son dossier de retraite. Il est alors ancien professeur au collège de Bar-sur-Ornain, dont l’exercice n’a pas repris à la rentrée 1794.

Il enseigne au collège de Bar depuis le 4 juin 1782 d’abord comme professeur de quatrième et troisième, puis professeur de rhétorique et seconde à partir de 1785 : professeur éclairé, il participe à la culture des Académies puisqu’il envoie en 1788 un travail sur l’instruction des jeunes gens à l’Académie de Nancy et est un correspondant régulier de l’Académie d’Arras. Il publie en 1790 Bar-le-Duc le Tableau d’un collège en activité où il insère un « projet sur l’instruction publique » adressé au Comité de Constitution de l’Assemblée nationale le 12 octobre de cette même année. Il y propose la transformation de l’Université de Paris en école nationale sous la direction d’un instituteur en chef et 84 instituteurs en second dans laquelle tous les districts enverraient chacun huit citoyens actifs, prêtres ou laïcs, pour y apprendre le cours d’instruction donné par l’Assemblée nationale et la manière de l’enseigner. L’École nationale aurait aussi 4332 élèves-professeurs, partagés en sept sections qui, au bout d’un an retourneraient dans leurs districts respectifs, les instituteurs en second étant distribués chaque département, cependant que l’instituteur en chef serait chargé de les visiter l’un après l’autre. On a là l’un des nombreux projets qui envisagent très tôt l’embryon d’une école normale. Le même J.F. Major avait fait hommage à l’Assemblée nationale dès le 23 décembre 1789 d’un planétaire représentant le système du monde et le mouvement des différents corps célestes, dont la terre autour du soleil. Un rapport de deux commissaires du Bureau des consultations des arts et métiers, en date du 24 vendémiaire an II (15 octobre 1793), propose une récompense de 2500 livres à cette mécanique, comme étant l’un des « moyens les plus propres à donner immédiatement aux jeunes étudiants des idées nettes et précises de la constitution de notre système planétaire, et de tous les changements relatifs aux changement des saisons, des climats, aux lunaisons, aux éclipses etc..., qui en dépendent ». Prêtre assermenté le 23 janvier 1791 en l’église Saint-Etienne de Bar, il est l’un des premiers secrétaires, avec Joseph Desaux, de la Société des Amis de la Constitution de Bar qui s’est ouverte dès juin 1790 et il est un membre actif de la société. Il abdique ses fonctions ecclésiastique devant la municipalité de Bar dès le 4 novembre 1793, venant selon le procès-verbal y « abjurer de toute son âme les systèmes odieux de la secte des prêtres ». En dépit de cette abdication précoce, il se trouve d’abord ajourné lors du scrutin épuratoire qui se déroule le 17 novembre 1793 dans la nouvelle Société populaire jacobite, montagnarde et révolutionnaire de Bar-sur-Ornain que dirige désormais le robespierriste Julius-Junius Ragnauld-Warin. Envoyé toutefois le 30 novembre en mission auprès du Comité de Salut public, il se trouve dénoncé, le 7 décembre suivant, comme partisan des Girondins en juin 1793 et un ennemi de la Montagne.

De retour de l’école normale, il est nommé membre du jury d’instruction publique du département de la Meuse jusqu’en 1804 date à laquelle il devient directeur et régent de l’école secondaire communale de Bar-le-Duc, poste qu’il occupe jusqu’au 6 octobre 1814. Quelques mois auparavant, une note du comte de Saint-Aulaire, député de la Meuse, est parvenue au Grand-Maître de l’Université signalant que « la place de principal est en ce moment occupée par un mauvais prêtre qui a déshonoré son caractère pendant la Révolution et discrédité le seul établissement d’éducation qui existe à Bar ». Invité à donner des renseignements, le recteur de l’Académie de Nancy souligne surtout le peu d’aptitude de Mr Major à gouverner un établissement et la discipline relâchée qui règne au pensionnat de Bar, mais estime en revanche le jugement du comte de Saint-Aulaire « bien dur ». Il n’a jamais entendu parler de Mr Major « comme d’un fonctionnaire scandaleux » et la perte de confiance de ses concitoyens n’est pas liée à sa conduite pendant la Révolution. Quoiqu’il en soit, ce dernier est transféré à Saint-Mihiel au même poste de principal puis, en janvier 1815, nommé à la première chaire vacante de mathématiques élémentaires soit au lycée de Nancy soit dans l’un des lycées voisins. Cette vacance n’interviendra jamais sous la Restauration et l’ex-abbé Major reste sans affectation et sans salaire de 1815 à 1830. L’ostracisme qui le frappe est bien lié, pendant le temps où Mgr Frayssinous est grand-maître de l’Université, à son attitude pendant la Révolution : dans une lettre, datée du 27 septembre 1824, le recteur de l’Académie de Nancy fait état de ce que « ce fonctionnaire avait manifesté des opinions révolutionnaires exagérées sous les gouvernements qui ont succédé en France à celui de nos princes légitimes et que, notamment en l’an II, il aurait fait au Comité de salut public le renvoi de ses lettres de prêtrise en l’accompagnant d’une déclaration déplorablement empreinte de l’esprit de vertige de l’époque à laquelle elle fut écrite ». À quoi s’ajoute, selon Major lui-même, el « faux prétexte » qu’il était prêtre marié, erreur matérielle rectifiée par des certificats du curé et du maire de Bar-le-Duc (lettre du 3 janvier 1832). Nommé principal du collège de Pont-à-Mousson en novembre 1830, il est transféré dans le même poste dès le 10 mars 1831 au collège de Commercy où il exerce jusqu’en novembre 1834. Totalisant, selon son propre comptage, 52 ans 5 mois de services, il ne reçoit, en dépit de ses mémoires réitérés, qu’une retraite de 680 francs correspondant à 26 ans de services reconnus, et à la moitié de son traitement.

Sources

[AN – F17/21227 (dossier de retraite) ; F17/1430 ; Almanach de l’Université, 1812, p.209 ; Ch. Aimond, Histoire religieuse de la Révolution dans le département de la Meuse et le diocèse de Verdun, Paris / Bar-le-Duc, 1949, p. 122 et 259 ; Ch. Aimond, Histoire de bar-le-Duc, nouvelle édition revue et augmentée, Bar-le-Duc, 1982, p. 292, 295, 324-25 et 327-28 ; abbé C.P. Joignon, Aux confins du Barrois et du Verdunois : Rembercourt-aux-Pots (Meuse), Bar-le-Duc, Imp. Saint-Paul, 1938, p.234 et 264-68 ; L.N. Berthe, Dictionnaire des correspondants de l’Académie d’Arras au temps de Robespierre, Arras, 1969, notice n°741]