Goutay Jean-Baptiste

De Ecole normale de l'an III
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Notice

-- GOUTAY Jean-Baptiste* (Clermont-Ferrand, 24 décembre 1773 – Thiers, 14 septembre 1839), fils de Blaise-Quintien, menuisier, et d’Élisabeth Thierry, candidat dès le 5 brumaire, est nommé le 22 frimaire par le district de Thiers. Étudiant avant la Révolution, admis le 25 frimaire an II – 15 décembre 1793 au sein de la Société populaire de Thiers ; porteur d’un certificat de civisme en date du 25 ventôse en II – 15 mars 1794 l’autorisant à ouvrir une école, il a été nommé par la mairie régent de seconde au collège de Thiers d’octobre 1791 à septembre 1793 ; il dit avoir « dès longtemps […] consacré ma vie à cette occupation aussi pénible qu’utile ».

Signataire de la pétition du 17 floréal, de retour de l’école normale, il se présente le 15 prairial (3 juin 1795) devant le jury d’instruction de Thiers pour y reprendre ses fonctions d’instituteur. « Instituteur » à Thiers, où il se marie le 10 brumaire an VII (5 novembre 1798)avec la fille d’un marchand tanneur, il est nommé, par arrêté du 24 mai 1805, directeur et professeur des premières et deuxième classes de latinité à l’école secondaire communale de Thiers , fonctions qu’il dit, dans ses divers états de service, avoir exercé depuis un an, c’est à dire depuis mai 1804, dans une « réunion de quatre instituteurs primaires » formée pour remplacer le collège supprimé en 1791. Lors de l’organisation de l’université impériale il devient, en janvier 1811, principal et régent d’humanités du collège qui succède à l’école communale, puis en 1812 régent de mathématiques ; il s’y trouve encore, avec un traitement de 1200 francs, en août 1818 lorsque le maire de la ville demande avec insistance à l’administration un prêtre à substituer au principal laïc et marié. Dans les réclamations postérieures contre sa mutation, Goutay met en accusation « les intrigues d’un maire » qu’il avait trouvé « en forfaiture » et « un gaspillage dans les finances municipales » auquel il n’a pas voulu se prêter.  Toujours est-il qu’il est remplacé en tant que principal dès octobre 1818 : « il s’était aliéné la confiance des autorités et de familles par son esprit frondeur, caustique et peu conciliant » ; il est transféré, comme professeur de rhétorique, en février 1820 au collège de Fontenay-le-Comte, établissement qui est remis, dans le courant de janvier 1823, sous la tutelle de l’évêque de Luçon ; par décision royale du 6 novembre 1822, Goutay doit cependant percevoir un secours annuel de 1200 francs tant qu’il ne sera pas « replacé », mais les déménagements, opérés à ses frais (avec à chaque fois vente et achat de mobilier), d’abord à Fontenay, puis, au retour à Thiers ont largement écorné ses économies. Au reste, la disposition n’est réellement appliquée que la première année et le secours réduit à 500 francs dès 1827, puis à 420 francs à titre d’indemnité en 1828 ; l’intéressé, qui a refusé les destinations de Châteauroux et de Niort qui lui étaient proposées, ne retrouvera jamais de poste. Consulté en novembre 1828, Jean Honoré Jourdan, recteur de l’Académie de Clermont, « fait connaître que, dans son opinion, M. Goutay, ex-principal du collège de Thiers avait toute la capacité désirable pour professer la classe de rhétorique mais que sa présence ne pouvait que nuire à l’établissement dont il avait eu la direction, que cette opinion était partagée par l’autorité locale et par le principal actuel du collège. M. le recteur s’est cru en outre dans l’obligation d’énoncer que M. Goutay « passait malheureusement pour très peu religieux et faisait profession de certaines doctrines qui ne sont pas très orthodoxes. Ces renseignements, dit Mr. le recteur lui ont été donnés par des hommes dignes de foi et auxquels on peut s’en rapporter parce qu’il n’y a pas d’exagération dans leur manière de penser, ni de parler ni d’agir » Bachelier ès sciences, licencié ès lettres, il réclame inlassablement que justice lui soit rendue, indiquant à chaque fois qu’il est « ex-élève aux écoles normales », ce qui n’est pas forcément le meilleur passeport pour faire aboutir ses demandes. En 1836 il écrit : « Depuis 13 ans, qu’ai-je été et que suis-je ? une victime. Qui pourrait le nier ? » et il cite deux pairs de France, le comte de Chabrol et le baron de Barante, qui lui ont écrit : « La place que vous occupiez est, dans votre profession une propriété acquise par des titres, des services et des droits incontestables et qu’on ne perd que par forfaiture. Vous n’avez point démérité, vous n’avez demandé ni donné votre démission, l’inexécution de la décision royale serait un déni de justice, une véritable spoliation. Vous êtes toujours en disponibilité, en continuité de services ». Goutay n’obtiendra pas non plus de pension, le motif étant qu’il a cessé d’exercer avant l’ordonnance royale du 25 juin 1823 qui instaure une retenue de 5% sur les traitements pour abonder un fonds de pension. Il est clair que, sur un fond de querelles locales, Goutay a fait l’objet de mesures de rétorsion politique dans la période « ultra » de la Restauration : comme il l’écrit lui-même, le 23 septembre 1830, il n’aimait pas un système où « dans tous les établissements d’instruction publique furent intrusionnés tant de séminaristes, dont les grades et les talents consistaient principalement dans la forme de leur habit. »

Goutay est l’auteur d’une précieuse brochure sur une communauté familiale à structures complexes : Notice historique sur la famille des Quittard-Pinon, près de Thiers, Département du Puy-de-Dôme (à Thiers, 12 septembre 1816)

Sources

[AD Puy de Dôme – L 5408 ; L 5464 ; L 5813 ; 6 E 430/65 (mariage) ; 6 E 430/119 (décès) ; AN - F17/9558 ; F17/1426 ; F17/20867 (dossier de retraite) ; Almanach de l’Université, 1812, p.125]