Brothier Jean-Joseph

De Ecole normale de l'an III
Aller à : navigation, rechercher

Found a typo? Just edit it.

Notice

- BROTHIER Jean-Joseph* (Périgueux, p. Saint-Front, 6 novembre 1765 – Podensac (Gironde), 2 novembre 1837), fils de Pierre Brothier de Lavaux, orfèvre, et de Suzanne Roche, est nommé le 12 frimaire par le district de Périgueux en remplacement d’Espic, démissionnaire. Il est alors bibliothécaire du Département depuis la fin de l’an II, époque à laquelle il a signé « Brothier, vrai montagnard et sans-culotte » une abjuration en ces termes : « Je fus prêtre il est vrai. L’erreur et la superstition m’avaient mis dans une carrière propre à me précipiter dans le chaos le plus affreux. Mes yeux se sont ouverts à la lumière. […] Tel est mon langage, parce que quand on aime la vérité, on sait se mettre au dessus des préjugés et que le véritable républicain cherchera toujours à porter le dernier coup à la superstition » (30 brumaire an II – 20 novembre 1793). Dans la séance du 24 brumaire an II avait été lue à la Société républicaine de Périgueux une lettre du même demandant à en devenir membre en ces termes : « L’opinion enchaîna mon enfance au char de la superstition. L’opinion déchire le voile, mes yeux s’ouvrent, et la lumière de la raison m’éclaire. Ils ont fui ces prestiges et me voilà rendu à moi-même. Citoyens c’est au milieu du peuple que je comparais, c’est dans votre sein que je dépose des chaînes qui longtemps me tinrent dans l’esclavage. Recevez-les, que le feu de la vérité les consume ». Après cette lecture vivement applaudie, « les lettres de prêtrise de Brothier sont réduites en cendre » et « l’homme régénéré », accueilli dans la Société, prête serment de « maintenir la liberté et l’égalité et de mourir pour les défendre ».

Entré chez les Chanceladais en juillet 1781, il fait profession en octobre 1786 à Sablonceaux (Charente-Maritime) où il réside le temps de ses études. Il aurait été chanoine de Montauban (Tarn et Garonne) et se retrouve à Chancelade le 16 mars 1789 parmi ses confrères représentés à l’assemblée du clergé. Il exprime le 26 mai 1790 son intention de rester dans les ordres avec une pension de 900 livres annuelles. Assermenté à Périgueux le 2 octobre 1792 (Liberté-Égalité), il est porté l’année suivante sur la liste des suspects dont il est rayé le 27 octobre 1793. Abdicataire, il se rend à la société populaire locale pour y remettre et donner à brûler ses lettres de prêtrise : « vous ne verrez plus en moi un prêtre, mais un citoyen ».

Signataire de la pétition du 2 germinal, de retour de l’école normale, il obtient la place de bibliothécaire du district de Périgueux avant d’être nommé bibliothécaire de l’École Centrale. Remplacé le 9 germinal an IV – 29 mars 1796 par Ceuille dont il devient l’adjoint, il ne cesse de s’affronter à ce dernier pour être reconnu comme le véritable fondateur de la bibliothèque et y retrouver sa place de directeur. Nommé directeur le 21 ventôse an VI – 11 mars 1798, il y assure jusqu’à la fermeture de l’établissement en 1804 un cours de bibliographie et d’histoire littéraire. Il exerce parallèlement les fonctions de conseiller municipal et est proposé le 13 ventôse an XI – 4 mars 1803 à celles de commissaire de police. Membre de la loge L’Anglaise de l’Amitié établie à Périgueux (il figure au tableau de 1807), il accepte les fonctions de commissaire de police. On peut lire dans une lettre de 1808 du curé de Saint-Front à son évêque : « Je n’ai jamais négligé de faire-part à Mr le commissaire de police des bontés de votre grandeur à son égard et du vif intérêt qu’elle témoigne de prendre sa conversion. Il m’a toujours paru être très sensible au souvenir de votre grandeur, mais il ne donne aucune espérance […] il a un cœur aussi bon que peut l’avoir un prêtre qui a foulé aux pieds ses engagements les plus saints, mais malheureusement, sa très mauvaise tête le dirige » (Peyrot à Lacombre, 23 février 1808). Dans une lettre du même au même datée du 1er février 1811, il est annoncé que « Mr Brothier, notre ancien commissaire de police, a enfin cédé aux impulsions de sa conscience et aux efforts de la grâce. Il est parti pour Bordeaux […] J’ai été de son avis qu’il convenait qu’il sortit du diocèse au moins pour quelques temps ; l’opinion exigeait ce sacrifice ». D’abord nommé vicaire de Sainte-Croix à Bordeaux puis en novembre 1811 desservant de La Tresne, il décède le 2 novembre 1837 à Podensac où il exerce son ministère.

Sources

[AD Dordogne – 8 L 15 f. 162 v° n° 499 et f. 163 n° 500 ; AM Périgeux – GG 96 ; AN – F17*/17, Catalogue de la bibliothèque du département de la Dordogne, an VI ; C 338, dossier 1597 ; A. de Rouméjoux, P. de Bosredon, F. Villepet, Bibliographie générale du Périgord, tome 1, Périgueux, 1897, p. 90 ; ; Guy Penaud, Histoire de la franc-maçonnerie en Périgord, Périgueux, Pierre Faulac, 1989, p.72 ; R. Bouet, Dictionnaire biographique du Clergé du Périgord au temps de la Révolution française, tome 1, Piégut-Pluviers, 1993, notice 290]