Barthe Paul-Benoît

De Ecole normale de l'an III
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Notice

-- BARTHE Paul-Benoît* (Montredon, Aude, 21 mars 1739 - Auch, Gers, 25 décembre 1809), fils d’Antoine, notaire, et de Claire Pagès, n’est connu comme élève que par sa participation au débat sur le cours de l’abbé Sicard le 4 germinal (24 mars 1795) et sa signature sur la pétition du 24 germinal qui est identique à celle des lettres qu’il adresse dans la même année à Grégoire. A-t-il été nommé directement par Lakanal ou simplement par le district d’Auch ? Dans sa réponse à l’enquête de l’an VII adressée aux professeurs d’Écoles centrales, il dit avoir été nommé à l’École normale « dès la destruction des évêchés constitutionnels ». Toujours est-il qu’à peine libéré de prison, cet ex-évêque constitutionnel du département du Gers a demandé un passeport pour Paris le 25 février 1795.

Très tôt orphelin de son père décédé en 1743, il devient titulaire d’un canonicat à l’abbaye Saint-Paul de Narbonne, puis, à partir de 1769, professeur à la Faculté de théologie de Toulouse dont il est dit doyen en 1780. Il fait paraître en 1790 les deux premiers volumes d’un cours élémentaire de théologie dogmatique et morale, qui devait en comprendre dix ou onze : Elementa sacrae theologiae ad usum candidatorum contracta et qu’il dédia à l’archevêque de Toulouse Mgr de la Tour du Pin Montauban. Membre, dès le 29 juin 1790, du Club littéraire et patriotique de Toulouse qui est affilié le 16 juillet suivant à la Société des Amis de la Constitution de Paris, il officie le 4 juillet à la fête de la confédération civique des troupes armées du département et y prononce un discours où il affirme le droit de la nation à s’emparer des biens du clergé. Au sein du club, il joue un rôle très actif : il y organise des conférences hebdomadaires de théologie et de politique. Son cours du 22 août 1790 est, par exemple, consacré à « la conciliation des principes de la théologie, puisés dans les livres saints, les Saints Pères et dans la saine raison, avec les articles de la Constitution française concernant l’autorité du roi ». En octobre de la même année, il dénonce les arrêts prononcés le mois précédent par les Parlementaires de la Chambre des Vacations « faux zélés de la Jérusalem nouvelle », qui se sont rendus les ennemis de la Constitution. En décembre suivant, il y prononce, dans le cadre de « l’école académique publique de théologie », des Conférences théologiques sur la constitution civile du clergé de France ou résultats des préleçons faites en Français sur cet objet où il défend celle-ci contre l’Exposé des principes que viennent de publier les évêques députés à l’Assemblée nationale. Élu président du club le 1er janvier 1791, il poursuit ses conférences mais, dès le 15 février suivant est élu évêque constitutionnel du Gers par le corps électoral de ce département. Consacré le 13 mars 1791 dans la chapelle de la maison de l’Oratoire rue Saint-Honoré à Paris par l’évêque de Dax, Jean-Pierre Saurine, il est installé sur le siège épiscopal d’Auch le 10 avril suivant. Élu en décembre 1792 membre du Conseil général du département, il est destitué par la Convention nationale sur le rapport des représentants en mission Ichon et Dartigoeyte le 11 juillet 1793 et déféré au Comité de Sûreté générale. Arrêté le 17 août à son arrivée à Paris, il est libéré le 30 août après avoir été lavé des dénonciations qui l’avaient accusé « d’avoir excité des troubles et coopéré aux mesures liberticides qui ont eu lieu dans ce département ». Dès son retour le 23 septembre à Auch, il est à nouveau arrêté sur un arrêté des représentants du peuple Dartigoeyte, Monestier et Pinet et transféré à Mont-de-Marsan dans les Landes pour y être incarcéré. Il reste prisonnier jusqu’au 27 frimaire an III (17 décembre 1794) ; au cours de son incarcération et pendant la campagne active de déchristianisation, il abdique, par une adresse à la Convention du 17 novembre 1793 ses fonctions épiscopales et envoie à l’administration du département des Landes sa croix pastorale et son anneau pastoral. Il n’est libéré que sur un arrêté du Comité de sûreté générale en date du 27 frimaire an III (17 décembre 1794) ; « entendu qu’il n’y a précisément aucun fait matériel d’incivisme à articuler contre lui ».

Le passage par l’École normale a pu constituer pour lui une opportunité de reconversion et de retour à la condition professorale qu’il a exercée sous l’Ancien Régime. Dans la capitale, il a sûrement pris contact avec Grégoire et les évêques réunis qui signent, le 15 mars 1795, une « lettre encyclique de plusieurs évêques de France à leurs frères les autres évêques et aux églises vacantes », et préparent la parution des Annales de la Religion dont le premier numéro paraît le 2 mai (13 floréal an III). Mais il ne figure pas parmi les premiers signataires (21 au total) signalés dans le numéro du 27 floréal – 16 mai 1795 (voir Annales de la Religion, t.1, p. 49-60). Il n’apparaît que dans celui du 18 vendémiaire an IV – 10 octobre 1795 (ibid. p. 585) à la suite d’une lettre écrite à Grégoire le 12 septembre précédent, où il réclame contre l’omission qui a été faite de son nom malgré sa demande. Il est nommé le 15 pluviôse an IV (4 février 1796) professeur de grammaire générale à l’École centrale du Gers et y poursuit son enseignement jusqu’au 19 août 1804, date de la fermeture de l’École. En même temps, il reprend son activité épiscopale et cherche à reconstruire, dans le cadre de l’Église gallicane réorganisée par l’abbé Grégoire, la vie religieuse dans son diocèse : il rassemble en 1797, 1800 et 1801 des synodes diocésains et participe aux conciles nationaux de Paris en août 1797 et de juin à août 1801. Il démissionne de l’épiscopat le 16 octobre 1801 mais il n’est pas repris dans le personnel de l’épiscopat concordataire. Il meurt réconcilié avec l’Église, « ayant fait sa rétractation en répondant à toutes les questions qu’on lui posait. »

Sources

[AN - D XXXVIII, 1, dossier 11 ; F17/1342 (réponse à l’enquête de l’an VII) ; Paul Pisani, Répertoire biographique de l’épiscopat constitutionnel (1791-1802), Paris, 1907, p. 385-388 ; Gérard Dessolle, Paul-Benoît Barthe le solitaire (1739-1809). Un prêtre toulousain, évêque du Gers pendant la Révolution, Toulouse, Association Les Amis des Archives de la Haute Garonne, 1999.]