Barbet Vincent-René

De Ecole normale de l'an III
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Notice

-- BARBET Vincent-René, fils d’un commerçant de Tours, est très vraisemblablement l’auteur de La Tour de Babel, un pamphlet contre l’enseignement dispensé à l’École normale et prétendument rédigé par «Mathurin Bonace, élève de l’École normale» en ventôse an III.

Entré dans la congrégation de l’Oratoire en 1787, à l’âge de dix-sept ans, il fait sa philosophie à la maison d’études de Montmorency et se retrouve au cours de l’année scolaire 1789-1790 préfet de pension à l’école militaire de Vendôme avant d’être nommé, le 4 octobre 1790, au collège d’Arras pour y être régent de septième. Il y enseigne encore en 1792. Momentanément incarcéré en juillet 1792 sur ordre de l’administration du département du Pas-de-Calais parce qu’il a essayé d’entraîner des citoyens à Paris pour célébrer l’anniversaire de la prise de la Bastille et protester contre le veto royal, il rédige en prison un Almanach philosophique qu’il dédie à Joseph Le Bon « ci-devant prêtre et maintenant redevenu homme », son ex-confrère et ex-collègue au collège de l’Oratoire qui a été élu maire d’Arras en septembre 1792 et s’est marié avec sa cousine en novembre suivant. Avant même l’impression, le manuscrit a d’ailleurs été envoyé et soumis à l’approbation du club des Jacobins à Paris : celui-ci nomme, le 29 août 1792, deux commissaires pour l’examiner. Membre actif de la société populaire d’Arras, nommé par Le Bon au Comité de surveillance de cette ville, où il siège du 26 brumaire au 29 nivôse an II (17 novembre 1793- 18 janvier 1794), il est surtout, en l’an II, l’un des folliculaires les plus ardents de la région, rédacteur principal de la feuille montagnarde La Sentinelle du Nord qui est placée sous « le saint patronage de Marat ». Il y célèbre, par exemple, « les torrents de lumière » que Joseph Le Bon, représentant en mission, vient de lancer « avec cette énergique facilité qui le caractérise ; il a fait briller une arme terrible dont la vue seule a entièrement anéanti le fanatisme agonisant. Il eût fallu l’entendre ridiculiser les agents de ce monstre qu’on appelait autrefois les prêtres : ho ! ils ont été peints d’après nature ; à peine se reconnaissaient-ils au tableau tant il était horrible ». Le rôle des membres du Comité de surveillance est ainsi défini : « Rien ne doit intercepter l’activité de leur regard, ils tiennent dans leur main la massue révolutionnaire… Ils sont les exécuteurs de ces grandes mesures qu’ont nécessitées les grandes trahisons ». Nommé, le 15 fructidor an II (1er septembre 1794), agent national adjoint du district d’Arras, il signe, en brumaire an III, une circulaire aux agents nationaux des communes du district qui exprime des convictions tout à la fois anti-robespierristes et dénonciatrices de Le Bon, ces « buveurs de sang » : « Que celui qui s’obstine à ne pouvoir se servir de sa raison et refuse de s’adresser à Dieu, sans avoir pour interprète un de ces charlatans qu’on appelle prêtres, aille sur les rives de la Loire ! Il y trouvera trente lieues d’un fertile pays qui ne sont plus qu’un désert. Voilà l’œuvre de ces audacieux scélérats qui se disent les ministres d’un Dieu de paix. Il y trouvera les cadavres de deux cent mille de nos frères égorgés par l’ordre de ces prétendus apôtres d’un Dieu de paix ; il y admirera les œuvres merveilleuses et célestes de ces hommes qu’il appelle prêtres. Barbet a-t-il préféré rejoindre la capitale au moment où se dessine la réaction thermidorienne ? Il est en tous les cas présent à Paris au début de nivôse an III (fin décembre 1794) : l’on ne peut oublier en effet que Gracchus Babeuf –dont Mathurin Bonace s’affirme partisan en avril 1795- a été incarcéré à la prison d’Arras le 19 pluviôse an III (7 février 1795) en même temps que l’ouvrier imprimeur arrageois Linof (qui est un abonné du Tribun du Peuple, et chez lequel Barbet a pu prendre connaissance du programme babouviste). Il ne faut donc pas totalement exclure l’hypothèse que Barbet ait pu être nommé directement élève à l’École normale par les représentants du peuple, même si aucun document ne nous l’atteste. Toujours est-il qu’il fait paraître, du 5 pluviôse au 30 germinal an III, L’Ami de la Constitution républicaine, ou Thermomètre de l’opinion publique et du commerce, où il met désormais sa plume au service des victimes de la Terreur et dénonce le prétendu « martyr de la liberté » qu’était Marat. Ce n’est ni la première, ni la dernière volte-face de cet aventurier des lettres qui obtint, en l’an VI, un poste, sans doute peu astreignant, d’inspecteur de la Loterie et mourut à Versailles en 1834. Faisant en l’an II, l’éloge de l’inflexibilité de Joseph Le Bon dans La Sentinelle du Nord, il avait pourtant écrit : « Les oscillations dans un homme public caractérisent l’individu qui, ne sachant pas un seul instant être lui-même, ressemble à ces girouettes qui suivent la variation des vents ». Il est vrai que Vincent-René Barbet ne semble avoir jamais exercé de fonctions publiques, à l’exception de celles, non électives, qu’il eut en l’an II.