Pinel Jean-Pierre

De Ecole normale de l'an III
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Notice

-- PINEL Jean-Pierre* (Saint-Paul-Cap-de-Joux de Damiatte, le 6 octobre 1755 – La Ferté-Alais (Seine-et-Oise), 16 septembre 1836), fils de médecin, est nommé par le district de Lavaur le 24 pluviôse en remplacement de Roux. Il est alors ci-devant curé constitutionnel de Saint-Salvi de Magrès.

Entré en 1774 dans la congrégation de la Doctrine chrétienne, d’abord agrégé à la province de Toulouse, il est tour à tour professeur de grammaire et d’humanité dans les collèges de Revel, Castelnaudary, Carcassonne, Gimont, Tarbes et Toulouse. Agrégé par la suite à la province de la Flèche, il enseigne à La Flèche puis à Moulins comme directeur de la pension du collège. P. Tedenat, porte-parole de J.P. Pinel auprès de l’administration de l’Instruction publique, raconte en 1810 que « à l’époque de la révolution il se rendit chez lui où M. de Castellane évêque de Lavaur l’employa pendant deux ans à remplir diverses fonctions ecclésiastiques dans son Diocèse. Après cela les changements forcés que les circonstances amenèrent firent consumer encore au dit Pinel environ deux ans, pendant lesquels il remplit divers postes, soit civils, soit ecclésiastiques. On lui permettra de faire observer qu’alors même il fut toujours occupé dans sa petite sphère d’adoucir les maux de la révolution ou bien de les prévenir. Il a des témoignages irrécusables là dessus de la part des administrations locales. Elles lui en donnèrent des preuves manifestes, en le nommant dans cet intervalle à l’École Normale de Paris. » Élu curé de Saint-Paul-Cap-de-Joux le 13 juin 1791, assermenté à Pratviel le 24 septembre suivant, il dessert les églises de Valcamause, de Saint André et de Saint Salvi de Magrès ; fonctions pour lesquelles il est payé jusqu’à l’époque de son abdication. Celle-ci intervient le 24 brumaire an II (14 novembre 1793) dans une lettre adressée au président du directoire du district de Lavaur et par laquelle il lui envoie « ces lettres absurdes » de prêtrise, l’invitant à les détruire : « Il est permis enfin de briser les chaînes de toute espèce. Soumis au joug de celles de la superstition par des circonstances impérieuses, je m’applaudis de pouvoir les rompre aujourd’hui. Des mains tyranniques en avaient formé les anneaux [...] Je ne serai plus forcé de mêler des erreurs à la morale de la raison. Elle seule avec la liberté conservera mes hommages ».

Signataire des pétitions du 24 germinal et du 17 floréal, de retour de l’école normale, il obtient le 30 ventôse an IV – 20 mars 1796 la chaire de langues anciennes à l’École centrale d’Albi. Il n’accepte pas sa nomination parce qu’une « affaire essentielle et impérieuse l’oblige à un long voyage ». Il s’agit en réalité pour lui de « conclure un mariage qu’il avait en vue depuis longtemps ». Il obtient sa réintégration dans le poste qu’il avait quitté, en brumaire an V et le conserve jusqu’à la fermeture de l’établissement. Il est alors nommé au lycée de Nîmes où il enseigne jusqu’en 1810, date à laquelle il se déclare, en novembre précisément, « depuis quelque temps en butte à de noires calomnies, qui sont parvenues jusqu’à surprendre la religion des derniers inspecteurs [de l’Instruction publique] qui sont venus à Nîmes. Leur bonne foi a été trompée, j’ose le dire, s’ils ont pris d’injustes préventions à mon égard ». Il demande alors la liquidation de sa retraite et, le mois suivant, P. Tedenat, recteur de l’Académie de Nîmes, explique au Grand Maître de l’Université, que l’intention de Pinel « n’était pas de demander encore sa retraite mais se voyant en butte à la calomnie, il a cru qu’il avait été desservi auprès de votre Excellence, et son extrême sensibilité lui fit prendre le parti trop peu réfléchi de demander sa retraite. Il a le malheur d’être prêtre et marié, mais il mène une conduite si régulière qu’il fait oublier une faute excusée par les circonstances. D’ailleurs, il la partage avec tant de collègues dans l’université qu’il n’est pas à présumer qu’on veuille le regarder comme seul coupable, et le traiter comme bouc émissaire chargé de l’iniquité des autres. » La retraite de Pinel est liquidée à hauteur de 1200 francs. Professeur émérite, il écrit de Saint Paul Damiatte le 18 septembre 1829 que « Longtemps avant d’obtenir ma pension de retraite au Lycée de Nîmes, j’avais obtenu une petite pension ecclésiastique de cent trente trois francs par semestre. Dois-je être taxé du cumul pour l’avoir gardée, depuis que mes trente six ans de service dans l’enseignement me valurent en 1811 de la part de l’Université impériale la pension de retraite dont je jouis depuis ce temps-là ? [...] Dans l’âge avancé où je suis, et me trouvant sans propriété patrimoniale, il me deviendrait cruel d’être privé, même du plus petit de ces objets [...] S’il faut me réduire à ma pension universitaire, je subirai l’ordre de la loi. » Le cumul lui est accordé.

Sources

[AN – F17/9557 ; D XXXVIII, 1, dossier 11; F17/9558 ; F17/21503 (dossier de retraite) ; F19/890 ; AD Tarn – L 658 pi. 18-24 ; L 516 pièces 7, 9, 19 et 23 ; M. Guy, Du Collège Delbene au Lycée Lapérouse, Toulouse, p. 81, 90, 104]