Magnin-Tochot Just

De Ecole normale de l'an III
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Notice

-- MAGNIN-TOCHOT Just* (Besançon, 26 novembre 1764 -), connu et réputé pour avoir enseigné « les mathématiques, l’histoire et la langue française », est nommé le 4 frimaire par le district de St Hippolyte. Il est alors employé dans les bureaux du district.

Vicaire assermenté de Villers-le-Lac en 1790, il obtient durant l’été 1791 la cure de Gilley qu’il dessert jusqu’en juin 1793. Il est envoyé dans la capitale par le canton de Montbenoît pour la fête de l'Unité et de l'Indivisibilité de la République célébrée le 10 août 1793. Il devient le 13 octobre 1793 membre fondateur et président du Comité central de surveillance de Montbenoît.

Il abdique ses fonctions sacerdotales le 29 nivôse an II – 18 janvier 1794 : « Entré dans l’état ecclésiastique sans beaucoup de réflexion, je n’en ai jamais envisagé les fonctions comme divines, mais plutôt comme civiles et politiques, prescrites par un gouvernement tyrannique : si je n’eusse craint la déportation, je n’aurais jamais accepté la cure de Gilley ; toutefois il me semblait que la Constitution civile du clergé demandait impérieusement des prêtres pour la tranquillité d’un peuple, pour lors grandement imbu des préjugés de l’enfance : j’ai cru même qu’à la sollicitation de plusieurs communes voisines je devais conserver quelques moments à l’éducation des braves jeunes hommes pour l’état sacerdotal. Ces jeunes hommes dont les peuples qu’ils desservent attesteront la moralité, ne se regardent nécessaires que parce qu’ils sont encore regardés comme tels : Ils attendent avec impatience le moment où les peuples éclairés accepteront enfin le culte de la raison. Pour moi aujourd’hui que je suis pleinement libre et que sans crainte je puis émettre ma façon de penser, je déclare solennellement à la face de l’univers que les raisons qui m’ont déterminées il y a un mois au grand regret de mes jadis paroissiens à renoncer aux fonctions de ministre du culte catholique, sont que les prêtres sont essentiellement les plus méchants des hommes et les plus mauvais citoyens d’un État, il faudrait un miracle pour qu’ils ne fussent point tels ; furent en tout pays les enfants gâtés des nations. Ils sont altiers vu qu’ils prétendent que c’est de Dieu lui-même qu’ils ont reçu leur mission et leur pouvoir. Ils sont ingrats vu qu’ils assurent n’être redevables qu’à Dieu seul des bienfaits qu’ils tiennent visiblement de la générosité des peuples. Ils sont audacieux parce que depuis un grand nombre de siècles ils ont joui de l’impunité. Ils sont inquiets et turbulents parce que sans cesse ils ont envie de jouer un grand rôle. Ils sont querelleurs et factieux parce que jamais ils ne pourront convenir de la façon d’entendre les prétendues vérités qu’ils enseignent aux hommes. Ils sont soupçonneux défiants éternels parce qu’ils sentent très bien qu’ils ont tout lieu de craindre que leurs impostures ne se découvrent, ils sont les ennemis nés de la vérité parce qu’ils appréhendent qu’elle n’anéantisse leurs prétentions. Ils sont implacables dans leurs vengeances, parce qu’il leur serait dangereux de pardonner à ceux qui veulent ébranler leur doctrine dont ils connaissent la faiblesse. Ils sont hypocrites parce que la plupart d’entre eux sont trop sensés pour croire les rêveries qu’ils débitent aux autres. Ils sont opiniâtres dans leurs idées parce qu’ils sont vains et que d’ailleurs il serait dangereux de se désister d’une façon de penser dont ils supposent Dieu l’auteur. Beaucoup sont déréglés et sans mœurs parce qu’il est impossible que l’oisiveté, la mollesse et le luxe ne corrompent le cœur. On les voit quelquefois austères et sévères dans leur conduite pour en imposer au peuple et parvenir à leurs vues ambitieuses. S’ils sont hypocrites et fourbes, ils sont très dangereux ; s’ils sont imbéciles et fanatiques de bonne foi, ils ne sont pas moins à craindre. Enfin presque toujours, et l’expérience d’aujourd’hui ne l’a fait que trop cruellement sentir, ils sont rebelles et séditieux, parce qu’une autorité qui vient de Dieu n’est pas faite pour plier sous l’autorité des hommes.

Voilà ce que j’ai vu, médité et lu. J’ai été moi-même leur victime, pour avoir osé dire que leur ministère n’était que politique, pour lors la raison était comprimée dans les fers. Je suis jeune, robuste et vigoureux, je me regarderai comme le plus heureux des hommes si je puis parvenir à en éclairer quelques uns, à leur rendre tous les services que l’on a droit d’exiger d’un sociétaire. Ceux dont j’étais ci-devant le pasteur me témoignent aujourd’hui le regret de me perdre, parce qu’ils savent que j’étais le protecteur des malheureux contre le riche, que je partageais mes revenus avec le misérable, et que je les aidais de toutes mes facultés. Aussi les plus pauvres d’entre eux ont-ils délibéré que je resterais parmi eux à la maison presbytérale pour les soutenir contre les égoïstes et les instruire. Témoignage trop flatteur pour moi mais dont je ne me rendrai pas indigne, jusqu’à ce que la fortune ait autrement décidé de mon sort. Chercher à rendre les hommes heureux, voilà mes principes, honorer la divinité pour l’exercice des vertus sociales, voilà ma religion qui sera bientôt celle de tous les hommes ; un Dieu qui punira sévèrement les aristocrates et récompensera généreusement les sans-culottes. Voilà ma croyance.

Recevez mes diplômes de prêtrise, accusez m’en la réception qui [sera] pour moi un certificat de civisme, et inscrivez-moi dans le registre des déprêtrisés, afin que je puisse jouir de la pension à eux accordée jusqu’à ce que je me sois procuré un état qui me permettra d’en faire la remise, car vous savez la plupart d’entre vous que je suis pauvre. » Il reste d'abord au presbytère de Gilley en tant que "prêtre de la Raison", puis est nommé le 23 pluviôse an II (11 février 1794) par le représentant en mission Lejeune à la présidence du directoire du district de Pontarlier avant d'être transféré par le même représentant à la présidence de celui de Doubs-Marat (ex-Saint-Hippolyte) le 19 messidor suivant (7 juillet 1794), où il conduit la politique déchristianisatrice. Il quitte ses fonctions le 18 brumaire an III (8 novembre 1794).

Signataire des pétitions collectives du 2 germinal et des 5 et 17 floréal, de retour de l’école normale, il est « curé de Gilley » lorsqu’il se porte candidat à la chaire d’histoire naturelle de l’École centrale du Doubs. Il ne se présente pas à l’examen. Il est, en l'an VI, commissaire près le directoire exécutif de l'administration municipale du canton d'Orchamps et, en l'an VII, secrétaire général du département du Doubs.

Sources

[AD Doubs – L 1640 f. 49 ; L 1780* f. 19 v°-20, 29 ; L 731 ; L 744, n° 70 ; L 1476, f. 5v°-6r°, 9v°-10r°, 16v°-17r°, 23v°-23r°, 25v°-26r°, 27v°-28r° ; L 1478 ; AN – F19/892 ; C 338, dossier 1597 ; F17/9558 ; La Vedette, ou Journal du département du Doubs, par des Hommes indépendans et amis du peuple, IIIe année, n°2, 26 ventôse an II, p.12-15 ; A. Troux, L’école centrale du Doubs à Besançon, Paris, 1926, p. 13, 15]