Latreille Pierre-André

De Ecole normale de l'an III
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Notice

-- LATREILLE Pierre-André (Saint Cernin-de-Larche, 29 novembre 1762- Paris, 6 février 1833), fils naturel de Jean-Joseph Sahuguet d’Amarzit, baron d’Espagnac, maréchal de camp et gouverneur de la Bresse et du Bugey puis gouverneur adjoint des Invalides, est nommé le 17 ventôse par le district de Brive à la place d’A.G.R. Coumes. La municipalité de Brive lui délivre le 20 ventôse (11 mars 1794) un passeport qui donne son signalement : « taille de cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils châtains, yeux gris, nez aquilin, bouche moyenne, front découvert, visage ovale ».

Élevé dans une famille de négociants, il fait ses études jusqu’à la rhétorique incluse au collège de Brive, puis suit un cours de philosophie au collège parisien du Cardinal Lemoine, obtenant son grade de maître-ès-arts le 5 août 1780. Il poursuit ses études de théologie dans un séminaire de la capitale tout en suivant les cours de la Faculté, obtenant les ordres mineurs en décembre 1781, le sous-diaconat en mars 1785,le diaconat en avril 1786, et enfin la prêtrise. Dès cette époque, il se livre autour de la capitale, à des excursions entomologiques et suit des cours d’histoire naturelle, se liant en particulier avec René-Just Haüy, qui est professeur au collège du Cardinal-Lemoine. Revenu en Limousin et devenu précepteur auprès d’une famille brivadoise, il est vicaire à Lostanges en 1789. Lors d’un séjour à Paris en 1788, il renoue des contacts avec des naturalistes du Jardin du Roi : Lamarck, Olivier, Bosc d’Antic, Cuvier, Duméril et le savant danois Johann Christian Fabricius. N’étant pas fonctionnaire, il était, de fait, non soumis au serment à la Constitution civile du Clergé. Mais, requis de le prêter par la municipalité de Limoges, à la suite d’un arrêté du directoire du département en date du 24 juillet 1792, il est finalement dispensé des sanctions prévues à la suite d’un certificat médical attestant l’incapacité où il se trouvait de se déplacer dans les délais prescrits. Il est écroué le 8 novembre 1793 comme réfractaire et dans le cas d’être déporté en Guyane et il est inscrit, par erreur, le 30 pluviôse an II sur la liste des émigrés arrêtée par le département de la Corrèze (liste dont il n’est radié définitivement qu’en fructidor an V). Transféré à Bordeaux et incarcéré au séminaire transformé en prison, il est déjà embarqué sur le vaisseau Le Républicain le 5 nivôse (25 décembre 1794) lorsqu’il est extrait du navire en partance grâce à ses amitiés savantes parmi les entomologistes mais aussi aux certificats des autorités brivadoises. La légende veut que la découverte, dans sa prison, d’un insecte jamais décrit, la Necrobia Ruficollis ait décidé de son sort. Il est libéré le 20 nivôse suivant (9 janvier 1795).

Arrivé à Paris le 29 ventôse (20 mars 1795), il obtient de la Commission exécutive de l’instruction publique un certificat l’autorisant, en tant qu’élève de l’École normale à rester dans la capitale tout le temps que doit durer l’enseignement ; il s’inscrit le même jour à la section des Thermes, logeant rue de la Harpe dans l’ancien collège de Bayeux. Avant son départ de Paris, il offre au Muséum d’histoire naturelle une boîte d’insectes dont Lamarck le remercie chaleureusement le 18 floréal an III : les professeurs « n’ont point été étonnés qu’un homme dont ils estiment les vrais talents et qu’il savent occupé avec tant de succès à reculer les bornes des sciences naturelles dans une partie aussi neuve qu’intéressante, ait voulu contribuer à fournir à ses concitoyens des matériaux d’étude qui manquaient à la collection confiée à leurs soins ». Sorti de l’École, il n’accepte pas la place de professeur d’histoire naturelle à l’École centrale de l’Eure-et-Loir à laquelle le directoire de ce département l’a nommé par arrêté du 23 floréal an III. Dès août 1795, il parcourt le Cantal et écrit en 1796 un texte intitulé « Quelques observations sur les mœurs, curiosités propres à la ville de Salers et environs » resté inédit, où il rassemble des notations sur les cultures, la production, le commerce et l’élevage des bestiaux, les prairies, les dispositions des habitations et des granges, tous renseignements qui correspondent aux détails que Mentelle avait demandé aux normaliens de recueillir. Le 16 floréal an III, alors qu’il était encore élève à l’École normale, la commission exécutive de l’Instruction publique lui avait d’ailleurs délivré un laissez passer pour les « courses nombreuses non seulement dans les campagnes voisines de sa résidence, mais encore dans les départements environnants tels que ceux du Cantal, du Puy-de-Dôme et du Lot, qui peuvent par la nature de leur sol et de leurs productions offrir beaucoup d’objets nouveaux à ses recherches », laissez passer qui invitait tous ses concitoyens « à lui donner un libre accès dans les établissements et dépôts nationaux » . Il n’est finalement pas nommé professeur à l’École centrale de Tulle en dépit de l’appui que lui apporte, en fructidor an V, l’administration départementale, vraisemblablement parce qu’il a figuré sur une liste de prêtres émigrés et que, après le coup d’état du 18 fructidor (4 septembre 1797), sa qualité de prêtre le rend suspect. Dès mars 1791, il avait été accrédité comme membre associé de la Société d’histoire naturelle de Paris. Il devient en février 1796 correspondant de la Société philomathique et en 1797 de la Société d’histoire naturelle de Bordeaux. Il collabore, dès ce moment, à divers journaux scientifiques, organes de ces sociétés : le Journal d’histoire naturelle de Paris, le Bulletin des Sciences par la Société philomathique, le Magasin encyclopédique, le Journal de Santé et d’Histoire naturelle de Bordeaux. Le 5 messidor an VI (24 juin 1798) Latreille est nommé correspondant de l’Institut national, un rapport très favorable ayant été rendu sur ses travaux en mai par Cuvier, Lacépède et Lamarck. Quittant Brive définitivement, il entre, la même année, au Muséum comme simple auxiliaire. Toute sa carrière s’y déroule désormais. Chargé du classement des collections d’entomologie, il est nommé aide-naturaliste en 1805, supplée en 1822 dans son enseignement Lamarck devenu aveugle, puis lui succède en 1830 comme professeur dans une chaire de zoologie des vers, insectes et animaux microscopiques. Il a été élu membre de l’Académie des Sciences en 1814. En 1832, il parraine et préside la toute nouvelle Société entomologique de France. Son œuvre de naturaliste est considérable depuis son Précis des Caractères Génériques des Insectes, Disposés dans un Ordre Naturel en 1796 jusqu’à son Histoire Naturelle, Générale et Particulière des Crustacés et des Insectes, parue en quatorze volumes de 1802 à 1805, ses Genera Crustaceorum et Insectorum publiés en quatre volumes de 1806 à 1809 et ) sa participation comme coauteur à l’œuvre dirigée par Georges Cuvier Le règne animal distribué d’après son organisation : pour servir de base a l’histoire naturelle des animaux et d’introduction a l’anatomie comparée, Paris, 1817. Décrire l’œuvre de ce « prince de l’entomologie », selon l’expression de Fabricius, dépassait le cadre de cette notice.

Sources

[AD Aude – 2 L 11 ; AD Corrèze – L 293 A f. 5-6, 14 r° ; Archives de la Société entomologique de France, dossiers Latreille ; Bibliothèque du Muséum d’histoire naturelle ; Louis de Nussac, « Les débuts d’un savant naturaliste “le prince de l’entomologie“ Pierre-André Latreille à Brive de 1762 à 1798 », Bulletin de la Société scientifique, historique et littéraire de la Corrèze, t. 28, 1906, p. 95- 224 ; 313-402 ; 457-504.]