Latapie François de Paule

De Ecole normale de l'an III
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Notice

-- LATAPIE François de PAULE* (Bordeaux, 8 juillet 1739 – Bordeaux, 8 octobre 1823), fils d’un arpenteur feudiste, d’abord nommé par le conseil du district de Bordeaux comme l’un des quatre « examinateurs » pour désigner les élèves qui doivent se rendre à l’EN est choisi le 19 frimaire par le dit district. Il est alors démonstrateur au Jardin botanique du département en charge depuis le printemps 1791 d’un cours public de botanique « mêlé de leçon sur l’agriculture et les autres arts majeurs. »

Étudiant à Bordeaux en 1757, il se rend à Paris où il étudie l’histoire naturelle auprès de l’abbé Nollet, d’Antoine Petit, de Bernard de Jussieu, de Rouelle et de Bouvard. Avocat au Parlement de Paris en 1768, il connaît le latin et le grec, parle l’anglais (voyage en Angleterre, 1771) et l’italien (voyage en Italie, 1774-1777). Nommé inspecteur général des arts et manufactures de Guyenne en 1774, il devient membre de l’Académie de Bordeaux le 13 août 1775 puis de « douze autres académies françaises et étrangères » (dont celle de Padoue, le 30 décembre 1777). Il ouvre en 1780 avec l’appui de l’Intendant un jardin botanique à Bordeaux où il donne régulièrement des cours publics gratuits d’histoire naturelle. Il ajoute en 1784 à ses offices celui d’inspecteur des pépinières et de la minéralogie de la province puis, à partir de 1788, surajoute celui de juge-conseiller au tribunal de l’amirauté de Guyenne. La Révolution commencée, il cède en 1791 au gouvernement national ses collections (minéraux, herbiers) contre une rente viagère.

Signataire de la pétition du 2 germinal, de retour de l’école normale, il obtient d’abord la chaire d’histoire naturelle à l’ouverture de l’École centrale de la Gironde le 15 floréal an IV – 4 mai 1796 puis la chaire de langues anciennes. Membre du comité de direction de l’École en l’an IX (1800-1801) il y enseigne jusqu’à la fermeture de l’établissement en 1803. Lui-même explique rétrospectivement (1816-1819) que « s’il fut oublié dans la formation des Lycées rien de plus naturel : le nom seul de la Langue Grecque faisait alors frissonner par plus d’une raison, au moins hors de Paris. […] Malgré la défaveur qui fut sa seule auréole après la suppression de l’École centrale, bravant les sourires dédaigneux des professeurs du Lycée, il offrit d’y continuer ses leçons de grecs gratuitement. On accepta d’abord d’assez mauvaise grâce : mais par des menées, dont il faut supprimer les détails, en moins de 3 mois, il ne se trouva plus ni local, ni heures possibles pour le Grec. » Membre de la Société d’histoire naturelle de Bordeaux depuis 1796-1797, associé correspondant de la Société d’agriculture de la Seine (1800-1801) ainsi que de la Société médicale d’émulation de Paris il est élu en 1804 président de la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux. Sans emploi dans l’instruction publique, il réintègre le corps professoral en obtenant le 20 juillet 1809 la chaire de littérature grecque à la Faculté des Lettres de Bordeaux. Il se fait alors appeler « François de Paule Latapie » et jouit d’un traitement de 3000 francs qu’il conserve jusqu’à la suppression de la Faculté en 1815, époque de sa mise à l’écart, d’abord avec un traitement provisoire de 1440 francs, puis par une mise à la retraite définitive. Il mobilise alors l’ensemble de ses relations, « tous les députés de la Gironde », les anciens professeurs de l’École centrale pour faire valoir sa prétention à une pension de retraite pleine de 6000 francs pour une « carrière aussi longue et aussi active ». Il rappelle ainsi au Ministre Royer-Collard que ses titres universitaires se bornent à 15 ans de professorat parce qu’il ne peut « mettre en ligne de compte les 40 années que j’ai bien réellement consacrées à l’Instruction publique, dont 20 gratuitement » mais aussi les « pertes cruelles » que lui a infligées la Révolution lorsque « l’Assemblée Constituante m’eut enlevé presque à la fois et mon Inspection générale des manufactures et des pépinières de Guyenne, et mon office de Conseil à l’Amirauté, et une pension additionnelle de 1200 livres » et « que je fus alors réduit à l’état de jardinier ». De plus, étant dans un âge avancé, son traitement – « les 3000 francs qui constituaient mon aisance » - lui est d’autant plus nécessaire qu’il « formait bien plus que le tiers de mon revenu total ; que le reste ne porte que sur des bases assez précaires et chancelantes ; que par les suites de la mort de mon épouse et d’une malheureuse tutelle une partie de ce reste est absorbée en payement d’intérêt ; qu’il faut bien considérer encore que Bordeaux est peut être le lieu de France où tout est plus cher ». Bref, il implore le Ministre et le Conseil d’Instruction publique de lui accorder une retraite pleine et juste : « car elle sera vraiment alimentaire ». En vain, le CIP liquide en 1819 sa pension retraite à hauteur de 1125 francs, soit les 3/8 de son traitement pour 16 années et neuf mois de services reconnus au sein de l’Instruction publique. À son décès en 1823, le tiers de cette pension est partagé entre ses héritiers, soit 1/3 pour sa sœur Marie Rose Adélaïde Latapie, veuve de Mr Barre, propriétaire, demeurant à Châlons-sur-Saône ; 1/3 pour son autre sœur Hélène Latapie, veuve d’Armand-Constant Moustier, propriétaire, demeurant à Bordeaux et 1/3 aux enfants de son frère Bernard, décédé.

Sources

[AD Gironde – 4 L 15 f. 128, 153 v ; 3 L 43 (6 brumaire an III) ; 3 L 345 ; 4 L 123 ; AN – C 338, dossier 1597 ; F17/1425 ; F17*/2181 n°29 ; F17/21084 ; « Liste des associés correspondants de la Société », Mémoire d’agriculture, d’économie rurale et domestique…, Paris, an IX, p. 22 sq. ; Almanach de l’Université, 1812, p.84 ; E. Gintrac, « Éloge de François de Paule Latapie, membre honoraire », Actes de l’Académie… de Bordeaux, 1824, p. 115-127 ; E. Feret, Statistique générale… du département de la Gironde, III, Première partie, biographies, Bordeaux, 1889, p. 384 ; L. Cosme, Revue catholique de Bordeaux, 1889 et « Un bordelais chez Voltaire », Revue philomatique de Bordeaux et du Sud-Ouest, 1897-1898, p. 607-16 ; G. Montègre, « François de Paule Latapie. Un savant voyageur au coeur de la Rome des Lumières », Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, 117, 2005, p.371-422]