Fourier Jean-Baptiste-Joseph : Différence entre versions

De Ecole normale de l'an III
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Notice

FOURIER Jean Baptiste Joseph *, (Auxerre, paroisse Saint-Regnobert, 21 mars 1768- Paris, 16 mai 1830), fils de Joseph, maître tailleur d’habits et de Edmée-Germaine Lebègue, est nommé le 21 frimaire par le district de Saint Florentin. Choisi le 26 brumaire an III – 16 novembre 1794 comme professeur de mathématiques (3e division) au collège national d’Auxerre, il fait savoir par une lettre du 26 frimaire aux administrateurs du district de Mont Armance qu’il accepte sa nomination : « Cette marque de bienfaisance m’est d’autant plus précieuse qu’elle m’est donnée par des amis éclairés de la patrie et des lois. Puisse une éducation bienfaisante et sage féconder en France les germes de la morale publique, sans laquelle il ne peut exister de gouvernement».

Doublement orphelin à l’âge de dix ans, il est d’abord accueilli au pensionnat de l’organiste de la cathédrale d’Auxerre, puis entre comme externe au collège (qui est aussi école royale militaire)d’Auxerre etest bientôt reçu comme pensionnaire gratuit. Passionné de mathématiques, il lit très tôt, au cours de ses veilles nocturnes, les manuels de Bezout, bossut et Clairaut. Il achève sa rhétorique à l’âge de quatorze ans, obtenant ds prix en version, versification et amplification latines, ainsi qu’en musique vocale. Après une seconde année de rhétorique effectuée au collège parisien de Montaigu, il revient à Auxerre pour participer, cette fois, à l’enseignement et il entame ses premiers travaux de recherche. La voie de l’entrée dans les écoles d’armes savantes (Génie, Artillerie, Marine) lui étant fermée, puisqu’il est roturier, il choisit d’entrer dans l’ordre bénédictin, qui, au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle a affirmé de plus en plus nettement son orientation vers l’enseignement. Cet ordre religieux est, pour un jeune intellectuel issu d’un milieu sans fortune, l’un des seuls lieux, sous l’Ancien Régime, où il puisse épanouir ses talents. Il entre au noviciat de l’abbaye de Saint Benoît-sur-Loire à la fin de 1787 e y demeure jusqu’à la fin de 1789. Comme il le dit aux officiers municipaux venus faire, en avril 1790, un inventaire du monastère de Saint-Germain d’Auxerre, « par respect pour le décret de l’Assemblée Nationale du deux novembre dernier, qui suspend l’émission des vœux, il ne les a pas prononcés le 5 dudit mois, époque fixée pour sa profession ; depuis ce temps, appelé par Messieurs les religieux pour professer les mathématiques et la rhétorique, il est venu dans cette maison où il s’était rendu utile et porter toujours l’habit religieux. » De 1790 à 1794, Fourier enseigne à des niveaux différents et dans des disciplines extrêmement diverses : histoire, philosophie, rhétorique, mathématiques, physique. Lors de la destitution des prêtres qui sont professeurs au collège, à la suite d’une dénonciation de la Société populaire en date du 24 avril 1793, il avait été promu à la classe de rhétorique.

Dans le même temps, l’engagement révolutionnaire de Fourier devient de plus en plus affirmé. Devenu membre de la société populaire d’Auxerre, il est nommé commissaire pour le recrutement du contingent que le département de l’Yonne est tenu de fournir à l’armée pour combattre le soulèvement vendéen, puis, après la victoire de Valmy, il est l’un des commissaires envoyés dans le département pour les opérations de réquisition des hommes, consécutives à la levée en masse. En mars 1793, il entre au Comité de surveillance de la ville d’Auxerre. Il y donne rapidement un témoignage suffisant de son attachement à la Révolution pour être désigné par Pierre-Louis Ichon, représentant en mission, comme « agent national » chargé d’opérer les réquisitions de chevaux et d’effets militaires dans le Loiret voisin, en vue de la guerre menée contre les rebelles vendéens. Il semble qu’à cette occasion, il se soit frontalement opposé au Conventionnel Jacques-Léonard Laplanche, prenant délibérément parti contre les décisions du représentant en mission et en faveur des sans-culottes locaux.. À la séance du 8 brumaire an II (29 octobre 1793), Barère le dénonce d’ailleurs à la tribune de la Convention en ces termes : «  Celui-ci a relevé le courage des aristocrates, il a agi en sens contraire de Laplanche qui avait révolutionné un département aristocrate. Il a semé la division dans la société populaire » et il signale avoir entre les mains une plainte des administrateurs d’Orléans adressée au Comité de Salut public. Désavoué et rappelé à Auxerre, Fourier reprend ses fonctions d’enseignant ( professeur d’éloquence) tout en continuant à siéger au Comité révolutionnaire de surveillance, sollicite le 24 nivôse an II (13 janvier 1794) la place de « bibliographe » chargé du récolement des livres appartenant à la nation, poste sans doute moins exposé, mais celui-ci n’est finalement pas pourvu. En tous les cas, Fourier est arrêté à Auxerre à la fin de juin 1794 sur ordre du Comité de Sûreté générale. Libéré une première fois à la suite de l’insistance de ses concitoyens, il est réincarcéré sur un arrêté du Comité de Salut public en date du 27 messidor an II (15 juillet 1794), mais est libéré le 24 thermidor suivant (11 août 1794). Entre ces deux dernières dates se sont déroulés les événements du 9 thermidor.L’acharnement du Comité de Salut public, où siège Barère, est sans doute lié à la mission orléanaise de Fourier au cours de laquelle Ichon avait outrepassé les pouvoirs qui lui avaient été donnés.

Revenu à Auxerre en fructidor (septembre 1794), il fait alors partie du noyau montagnard le plus radical de la société populaire, qui adresse à la Convention des pétitions enflammées contre la libération d’hommes appartenant à la Contre-Révolution et liés aux émigrés, suppôts des « tyrans ». Dans la lettre-bilan qu’il adresse en juin ou juillet 1795, à Edme-Pierre-Alexandre Villetard, député de l’Yonne à la Convention, il reconnaît que « le reproche d’avoir rédigé des adresses incendiaires » est de toutes les inculpations, « la seule qu ne soit pas démunie de vraisemblance […] Pour celles que j’ai rédigées en effet, si l’on me juge au tribunal de Coblentz à coup sûr je ne serai point absous. Mais si l’on a la bonne foi de ne point transformer en crimes des erreurs ou des écarts d’opinion, des exagérations même que la distance des lieux, la nuit des circonstances ou le sentiment du péril [peuvent ?] avoir causé je n’ai rien à redouter,je n’ai jamais provoqué ou approuvé aucun des excès révolutionnaires, ou des mesures violentes qui ont déshonoré la cause populaire en France ».

Sur les professeurs et les cours de l’École normale dans l’amphithéâtre du Muséum, Fourier a laissé un témoignage particulièrement précis. Il intervient les 11 et 26 pluviôse lors des débats sur les leçons de Gaspard Monge. Il est nommé directeur de l’une des conférences de mathématiques qui ont pour but d’éclairer divers aspects des leçons de Lagrange, Laplace et Monge. À la fin de ventôse an III, son passé montagnard le rattrape jusque dans la capitale : il est accusé, dans une adresse à la Convention, par les présidents des sections de la commune d’Auxerre d’avoir « proféré les principes atroces et les maximes infernales des tyrans ». Le portrait que trace de lui dans son Mémorial le notaire Fromantin, reclus à la maison d’arrêt d’Auxerre pendant la période montagnarde, n’est guère flatteur : il est jugé « d’autant plus entreprenant qu’il s’imaginait avoir et plus de talents et plus de science qu’une partie des clubistes. Il foula aux pies et la reconnaissance qu’il devait à ceux qui avaient frayé à son éducation et les égards que l’humanité prescrit. Enorgueilli jusqu’à l’excès, il n’envisageait les hommes que comme de vils esclaves ». Il est probable que le retour, à la tête du collège, d’ex-bénédictins qui avaient été détenus à la maison d’arrêt d’Auxerre pendant la période montagnarde, n’est pas totalement étranger à ces mises en accusation. Son cas est examiné le 22 germinal (11 avril 1795) par le Comité d’Instruction publique qui demande des renseignements complémentaires à Jean Mailhe, représentant en mission dans l’Yonne, suspend, à la suite du rapport défavorable de ce dernier, son traitement d’élève le 26 floréal (15 mai 1795) avant de le rétablir deux jours plus tard. Fourier est finalement arrêté dans la nuit du 18 au 19 prairial an III (6-7 juin 1795) sur ordre du Comité de Sûreté générale, mais libéré provisoirement dès le 24 du même mois et rétabli dans ses droits de citoyen le 13 fructidor.

Recommandé dès le 25 floréal an III (14 mai 1795) par Monge au Conseil d’instruction et d’administration de l’École centrale des travaux publics et nommé cinq jours plus tard, Fourier ne prend, du fait de la suspicion politique dont il est l’objet, ses fonctions qu’à la fin de vendémiaire an IV et est chargé du cours d’analyse algébrique. Il prend une part éminente à l’expédition d’Égypte (1798-1800), en tant que secrétaire perpétuel de l’Institut d’Égypte, puis président de la Commission de renseignements sur l’état moderne de l’Égypte, et maître d’œuvre de la publication de la Description de l’Égypte. Il est nommé préfet du département de l’Isère en 1802 et fait baron d’Empire en 1809. A Grenoble il retrouve au moins deux condisciples qui étaient dans l’amphithéâtre du Muséum d’histoire naturelle : Jacques Berriat-Saint-Prix, professeur de législation à l’École centrale, puis titulaire de la chaire de procédure civile et de législation criminelle à l’École de droit, et Claude Simon, évêque concordataire de Grenoble. Maintenu à son poste lors de la première Restauration, il est nommé, lors des Cent Jours, préfet du Rhône par Napoléon le 11 mars 1815, mais est révoqué par celui-ci dès le 3 mai suivant parce qu’il a refusé les épurations administratives qui lui sont demandées. Ici s’arrête la carrière administrative et politique de Fourier qui poursuit désormais un parcours de savant dans les différentes sociétés et académies dont il est membre, particulièrement à l’Académie des sciences où il a été élu en 1817 et dont il devient le secrétaire perpétuel en 1822. Il n’est pas dans le rôle de cette notice de décrire la physique mathématique de la Théorie analytique de la chaleur publiée en 1822 et fruit de travaux dont l’origine remonte à 1805.

Sources

[AD Yonne – L 864 f. 113 v°-104 r° n° 212 ; L 607 ; L 617 ; B.M. Auxerre, Ms.335G (lettres de Fourier à Bonnard); Michel Biard, Missionnaires de la République, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2002, p. 212. Archives Parlementaires, Première Série, t. LXXVIII, Du 8 brumaire au 20 brumaire an II (29 octobre 1793 au 10 novembre 1793), Paris, Librairie administrative P. Dupont, 1911, p. 25. H. Forestier (ed.) Mémorial d’un citoyen d’Auxerrre 1793-1795, Auxerre, Société des sciences historiques et naturelles de l’yonne, 1984, p. 24-25, 85, 158-159. Voir le chapitre 11 du volume sur l’histoire de l’École, et les souces citées en note. J. Dhombres, J.Bernard Robert, Fourier, créateur de la physique mathématique, Paris, Belin, 1998]