Discussion:Millot Nicolas : Différence entre versions

De Ecole normale de l'an III
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-- MILLOT Nicolas ( Saint-Dizier, Haute-Marne, paroisse Saint-Chartrier de La Noue,12 janvier 1744- Romorantin, 12 janvier 1812) , fils de Nicolas et de Marie Trichot est nommé le 11 nivôse par le district de Romorantin. Âgé de 51 ans, employé comme secrétaire du district, il déclare le jour même que « son âge ne lui permettait pas dans une saison aussi rigoureuse de s’éloigner de son domicile et d’entreprendre un si long voyage » mais « qu’il offrait d’être en correspondance avec un membre du Comité d’instruction publique de la Convention Nationale pour s’informer s’il serait suffisant qu’il se présentât sur la fin du cours et que, d’après la réponse, il ferait tout ce qu’il dépendrait de lui pour se rendre utile à ses concitoyens dans une carrière dont il connaissait déjà les pénibles devoirs.» Dans une lettre du 25 nivôse à Lakanal, il se recommande de Gaucherot (du district d’Orléans), de Jouhanneau (district de Blois) et de Girault (district de Saint-Aignan) pour demander à suspendre de cinq ou six décades son départ : il « croit avoir quelque avance sur beaucoup de ceux qui, moins âgés que lui [...] ont été moins à portée d’étudier les hommes et les choses ».
 
-- MILLOT Nicolas ( Saint-Dizier, Haute-Marne, paroisse Saint-Chartrier de La Noue,12 janvier 1744- Romorantin, 12 janvier 1812) , fils de Nicolas et de Marie Trichot est nommé le 11 nivôse par le district de Romorantin. Âgé de 51 ans, employé comme secrétaire du district, il déclare le jour même que « son âge ne lui permettait pas dans une saison aussi rigoureuse de s’éloigner de son domicile et d’entreprendre un si long voyage » mais « qu’il offrait d’être en correspondance avec un membre du Comité d’instruction publique de la Convention Nationale pour s’informer s’il serait suffisant qu’il se présentât sur la fin du cours et que, d’après la réponse, il ferait tout ce qu’il dépendrait de lui pour se rendre utile à ses concitoyens dans une carrière dont il connaissait déjà les pénibles devoirs.» Dans une lettre du 25 nivôse à Lakanal, il se recommande de Gaucherot (du district d’Orléans), de Jouhanneau (district de Blois) et de Girault (district de Saint-Aignan) pour demander à suspendre de cinq ou six décades son départ : il « croit avoir quelque avance sur beaucoup de ceux qui, moins âgés que lui [...] ont été moins à portée d’étudier les hommes et les choses ».
  
Enseignant depuis l’âge de 18 ans, il réside et enseigne d’abord cinq années à Orléans tant chez des particuliers que dans des pensions avant d’être nommé en 1766 par l’évêque d’Orléans directeur du petit séminaire de Romorantin. Devenu chanoine, il poursuit son activité d’enseignant pendant une vingtaine d’années avant de se retrouver professeur au collège de Meung-sur-Loire. Procureur syndic du district de Romorantin en 1790, il est en l'an II agent national du district de Romorantin et il abdique avec éclat ses fonctions sacerdotales le 15 novembre 1793(25 brumaire an II), prononçant à cette occasion un discours flamboyant devant la société populaire, discours dont il envoie la copie à Robespierre en pluviôse suivant,  et il épouse, le 11 frimaire (1er décembre 1793) la sœur du curé de Veilleins, Madeleine Menier: Le premier des prêtres de ce district, écrit-il à Robespierre, j'ai abdiqué le costume et les fonctions ecclésiastiques et j'ai pris une épouse sage et laborieuse qui fait toute la consolation de ma vie, d'une vie employée depuis trente ans à des travaux utiles et jamais à ceux d'un ministère que j'ai toujours détesté". Sa démarche "parut alors fort hardie; le pays est superstitieux, le culte y était encore intact; c'était beaucoup entreprendre que de lui porter le premier coup; je l'ai fait; j'ai été soutenu par la société populaire: à mon exemple, d'autres prêtres ont abdiqué e se sont mariés, les églises se changent en magasins et en temples de la Raison et le fanatisme expire dans ce district." Le ! ventôse an II (26 février 1794) il envoie à la Convention l'argenterie des églises du district: "C'est la dépouille d'un culte superstitieux qui tombe pièce à pièce. La raison dont le flambeau pénètre ici comme ailleurs, le minera dans ses fondements sans violence et sans bruit et obtiendra jusqu'au dernier lambeau qui servait à parer l'idole."
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Enseignant depuis l’âge de 18 ans, il réside et enseigne d’abord cinq années à Orléans tant chez des particuliers que dans des pensions avant d’être nommé en 1766 par l’évêque d’Orléans directeur du petit séminaire de Romorantin. Devenu chanoine, il poursuit son activité d’enseignant pendant une vingtaine d’années avant de se retrouver professeur au collège de Meung-sur-Loire. Procureur syndic du district de Romorantin en 1790, il est en l'an II agent national du district de Romorantin et il abdique avec éclat ses fonctions sacerdotales le 15 novembre 1793(25 brumaire an II), prononçant à cette occasion un discours flamboyant devant la société populaire, discours dont il envoie la copie à Robespierre en pluviôse suivant,  et il épouse, le 11 frimaire (1er décembre 1793) la sœur du curé de Veilleins, Madeleine Menier: " Le premier des prêtres de ce district, écrit-il à Robespierre, j'ai abdiqué le costume et les fonctions ecclésiastiques et j'ai pris une épouse sage et laborieuse qui fait toute la consolation de ma vie, d'une vie employée depuis trente ans à des travaux utiles et jamais à ceux d'un ministère que j'ai toujours détesté". Sa démarche "parut alors fort hardie; le pays est superstitieux, le culte y était encore intact; c'était beaucoup entreprendre que de lui porter le premier coup; je l'ai fait; j'ai été soutenu par la société populaire: à mon exemple, d'autres prêtres ont abdiqué et se sont mariés, les églises se changent en magasins et en temples de la Raison et le fanatisme expire dans ce district." Le ! ventôse an II (26 février 1794) il envoie à la Convention l'argenterie des églises du district: "C'est la dépouille d'un culte superstitieux qui tombe pièce à pièce. La raison dont le flambeau pénètre ici comme ailleurs, le minera dans ses fondements sans violence et sans bruit et obtiendra jusqu'au dernier lambeau qui servait à parer l'idole."
  
 
Vraisemblablement signataire d’une des pétitions collectives, l’école normale fermée, il est instituteur à Romorantin lorsqu’il demande la réhabilitation de son mariage le 10 mai 1802. Dans sa supplique, rédigée en latin, il déclare qu’il avait souhaité demeurer parmi les laïques et prendre une épouse mais que « par la volonté de ses supérieurs, les conseils de ses amis, la crainte de la pauvreté s’il abandonnait sa place » il se laissa promouvoir aux ordres sacrés et à la prêtrise tout en poursuivant sa charge « d’instituteur de la jeunesse » et en n’ayant aucune charge d’âmes. Il dirige ensuite à Romorantin une petite institution privée qui compte trois professeurs et 73 élèves (dont 60 externes).
 
Vraisemblablement signataire d’une des pétitions collectives, l’école normale fermée, il est instituteur à Romorantin lorsqu’il demande la réhabilitation de son mariage le 10 mai 1802. Dans sa supplique, rédigée en latin, il déclare qu’il avait souhaité demeurer parmi les laïques et prendre une épouse mais que « par la volonté de ses supérieurs, les conseils de ses amis, la crainte de la pauvreté s’il abandonnait sa place » il se laissa promouvoir aux ordres sacrés et à la prêtrise tout en poursuivant sa charge « d’instituteur de la jeunesse » et en n’ayant aucune charge d’âmes. Il dirige ensuite à Romorantin une petite institution privée qui compte trois professeurs et 73 élèves (dont 60 externes).
  
 
[AN – F17/ 9557 ; AF IV 1911 d.1 p.172-173 ; F17/2494 ; A.D. Loir-et-Cher,5MI 194/R26, vue 114: NMD Romorantin 1793-an IV (mariage); 5MI 194/R31, vue 220: NMD Romorantin 1811-1814(décès); A.C. Romorantin, GG 69 ; A.D. Haute-Marne Edépôt_stdizier GG 1543, vue 176 (baptême): Maréchaux n° 2989; J. Gallerand, "Lettre de l'agent national du district de Romorantin au Comité de salut public et spécialement à Robespierre", ''Annales historiques de la Révolution française'', t.6, 1929, p. 78-80]
 
[AN – F17/ 9557 ; AF IV 1911 d.1 p.172-173 ; F17/2494 ; A.D. Loir-et-Cher,5MI 194/R26, vue 114: NMD Romorantin 1793-an IV (mariage); 5MI 194/R31, vue 220: NMD Romorantin 1811-1814(décès); A.C. Romorantin, GG 69 ; A.D. Haute-Marne Edépôt_stdizier GG 1543, vue 176 (baptême): Maréchaux n° 2989; J. Gallerand, "Lettre de l'agent national du district de Romorantin au Comité de salut public et spécialement à Robespierre", ''Annales historiques de la Révolution française'', t.6, 1929, p. 78-80]

Version actuelle datée du 29 août 2019 à 09:03

-- MILLOT Nicolas ( Saint-Dizier, Haute-Marne, paroisse Saint-Chartrier de La Noue,12 janvier 1744- Romorantin, 12 janvier 1812) , fils de Nicolas et de Marie Trichot est nommé le 11 nivôse par le district de Romorantin. Âgé de 51 ans, employé comme secrétaire du district, il déclare le jour même que « son âge ne lui permettait pas dans une saison aussi rigoureuse de s’éloigner de son domicile et d’entreprendre un si long voyage » mais « qu’il offrait d’être en correspondance avec un membre du Comité d’instruction publique de la Convention Nationale pour s’informer s’il serait suffisant qu’il se présentât sur la fin du cours et que, d’après la réponse, il ferait tout ce qu’il dépendrait de lui pour se rendre utile à ses concitoyens dans une carrière dont il connaissait déjà les pénibles devoirs.» Dans une lettre du 25 nivôse à Lakanal, il se recommande de Gaucherot (du district d’Orléans), de Jouhanneau (district de Blois) et de Girault (district de Saint-Aignan) pour demander à suspendre de cinq ou six décades son départ : il « croit avoir quelque avance sur beaucoup de ceux qui, moins âgés que lui [...] ont été moins à portée d’étudier les hommes et les choses ».

Enseignant depuis l’âge de 18 ans, il réside et enseigne d’abord cinq années à Orléans tant chez des particuliers que dans des pensions avant d’être nommé en 1766 par l’évêque d’Orléans directeur du petit séminaire de Romorantin. Devenu chanoine, il poursuit son activité d’enseignant pendant une vingtaine d’années avant de se retrouver professeur au collège de Meung-sur-Loire. Procureur syndic du district de Romorantin en 1790, il est en l'an II agent national du district de Romorantin et il abdique avec éclat ses fonctions sacerdotales le 15 novembre 1793(25 brumaire an II), prononçant à cette occasion un discours flamboyant devant la société populaire, discours dont il envoie la copie à Robespierre en pluviôse suivant, et il épouse, le 11 frimaire (1er décembre 1793) la sœur du curé de Veilleins, Madeleine Menier: " Le premier des prêtres de ce district, écrit-il à Robespierre, j'ai abdiqué le costume et les fonctions ecclésiastiques et j'ai pris une épouse sage et laborieuse qui fait toute la consolation de ma vie, d'une vie employée depuis trente ans à des travaux utiles et jamais à ceux d'un ministère que j'ai toujours détesté". Sa démarche "parut alors fort hardie; le pays est superstitieux, le culte y était encore intact; c'était beaucoup entreprendre que de lui porter le premier coup; je l'ai fait; j'ai été soutenu par la société populaire: à mon exemple, d'autres prêtres ont abdiqué et se sont mariés, les églises se changent en magasins et en temples de la Raison et le fanatisme expire dans ce district." Le ! ventôse an II (26 février 1794) il envoie à la Convention l'argenterie des églises du district: "C'est la dépouille d'un culte superstitieux qui tombe pièce à pièce. La raison dont le flambeau pénètre ici comme ailleurs, le minera dans ses fondements sans violence et sans bruit et obtiendra jusqu'au dernier lambeau qui servait à parer l'idole."

Vraisemblablement signataire d’une des pétitions collectives, l’école normale fermée, il est instituteur à Romorantin lorsqu’il demande la réhabilitation de son mariage le 10 mai 1802. Dans sa supplique, rédigée en latin, il déclare qu’il avait souhaité demeurer parmi les laïques et prendre une épouse mais que « par la volonté de ses supérieurs, les conseils de ses amis, la crainte de la pauvreté s’il abandonnait sa place » il se laissa promouvoir aux ordres sacrés et à la prêtrise tout en poursuivant sa charge « d’instituteur de la jeunesse » et en n’ayant aucune charge d’âmes. Il dirige ensuite à Romorantin une petite institution privée qui compte trois professeurs et 73 élèves (dont 60 externes).

[AN – F17/ 9557 ; AF IV 1911 d.1 p.172-173 ; F17/2494 ; A.D. Loir-et-Cher,5MI 194/R26, vue 114: NMD Romorantin 1793-an IV (mariage); 5MI 194/R31, vue 220: NMD Romorantin 1811-1814(décès); A.C. Romorantin, GG 69 ; A.D. Haute-Marne Edépôt_stdizier GG 1543, vue 176 (baptême): Maréchaux n° 2989; J. Gallerand, "Lettre de l'agent national du district de Romorantin au Comité de salut public et spécialement à Robespierre", Annales historiques de la Révolution française, t.6, 1929, p. 78-80]