Cauvin Thomas : Différence entre versions

De Ecole normale de l'an III
Aller à : navigation, rechercher
(importer en XML)
(importer en CSV)
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
<span style="font-variant:small-caps;"> Found a typo? Just edit it.</span><div><div style="padding: 0 1.5em; text-align: justify; width:42%;float:left;margin-left:40px;"><div style="text-align:center;margin-bottom:20px;font-variant:small-caps;">'''Notice'''</div><p><b>-- CAUVIN Thomas*</b> (Caen (Calvados), 5 juillet 1762 – Le Mans, 7 février 1846), est nommé élève suppléant le 24 brumaire par le district du Mans.</p><p>Entré le 8 janvier 1785 dans la Congrégation de l’Oratoire, il réside successivement comme maître d’étude dans les collèges de Juilly, de Nantes et, en 1789, du Mans où il se trouve lors de son admission définitive le 1<sup>er</sup> avril 1791 parmi les membres de la congrégation « sur les témoignages avantageux qui nous ont été rendus par les pères de la maison du Mans, sur la piété, sur la conduite et sur la capacité ». Il est alors confrère. Assermenté, il est nommé en novembre 1792 par le Directoire du département professeur de physique au collège de la ville où il a déjà enseigné de la quatrième à la seconde.</p><p>Signataire de la pétition du 2 germinal, de retour de l’école normale, il est nommé le 11 messidor an IV – 29 juin 1796 professeur d’histoire naturelle à l’École centrale de la Sarthe. Non compris dans l’organisation des Lycées, il se fait employer le 1<sup>er</sup> vendémiaire an XIII – 23 septembre 1804 dans les bureaux de la sous-préfecture de Saint-Calais en qualité de secrétaire et épouse à Paris le 18 nivôse suivant (8 janvier 1805) Louise Remie Verdier, née à La Ferté-Bernard le 5 avril 1776. Il demeure secrétaire particulier du sous-préfet jusqu’en janvier 1808, date à laquelle il est nommé par décret de l’Empereur professeur de cinquième et de sixième classes de mathématiques au lycée d’Angers. Nommé professeur au Lycée de Pontivy le 14 décembre 1809, il y enseigne la physique jusqu’en 1817. Il commence alors à rassembler divers certificats et justificatifs administratifs et écrit, le 1<sup>er</sup> mai 1817, à la Commission d’instruction publique pour faire valoir ses droits à la retraite après 32 années de service dans l’enseignement public, dont 3 passées dans les bureaux de la sous-préfecture de Saint-Calais. La Commission délibère en novembre 1820 : elle fixe à 750 francs le montant de la pension pour 25 ans et 11 mois de services reconnus au sein de l’instruction publique. Sa carrière administrative ne lui est pas comptée et ses services au sein de l’Oratoire ne sont pris en compte qu’à partir de 1791, date à laquelle son entrée dans la congrégation est formellement attestée. Cauvin réagit sur ce dernier point par une longue lettre datée du 31 janvier 1821 où il explique que : « <i>Vers la fin du 18</i>e<i> siècle l’administration de l’Oratoire crut devoir différer l’admission définitive de ses membres. En cela elle agissait très sagement, puisqu’elle ne pouvait renvoyer un sujet définitivement admis, sans le traduire devant les tribunaux tandis que chacun pouvait quitter à son grès la congrégation. Elle recevait donc provisoirement les sujets et les employait dans ses différents collèges. L’Oratoire vivant sous un régime paternel ne s’inquiétait nullement de son sort, convaincu que son existence était pour toujours assise. S’il en eût été autrement, quel homme eût jamais consenti à passer plusieurs années dans ce corps dont il ne recevait annuellement que 120 # pour son entretien, qui professait le plus grand désintéressement et ne lui offrait aucune perspective de fortune. Le temps qu’il passait dans les collèges n’était pas un noviciat. Il jouissait des mêmes avantages que ses plus anciens confrères. Si la révolution ne m’eût pas menacé d’enlever l’état que j’avais choisi, je n’aurais point sollicité la pièce n° 2 </i>[admission définitive dans l’Oratoire]<i> dont j’avais besoin pour constater mes droits à la pension qui devait être accordée aux anciens membres des congrégations, pièce dont on se sert maintenant contre moi.</i></p><p><i>Tous les jours le Conseil royal de l’Instruction publique suit la même marche que la congrégation de l’Oratoire. Il confie </i>provisoirement<i> des emplois aux membres de l’Université qui exercent ainsi plus ou moins longtemps avant que leur nomination soit définitive. Cependant il me regarde comme étranger au corps des </i>fonctionnaires provisoires<i>. Dans la liquidation de leurs pensions de retraite, il leur compte les mêmes années qu’on me rétracte.</i></p><p><i>J’appartenais réellement à l’Oratoire avant le 1</i>er<i> avril 1791. En effet après la suppression des congrégations le gouvernement reçut mes services dans ce corps : il me compta huit années et m’accorda cent soixante dix francs de rente à raison de 20 francs par année de congrégation, conformément à la loi du … août 1792. Lorsque les pensions furent réduites au tiers de leur valeur, la mienne fut fixée à 47 francs parce que la 8</i>e<i> année de congrégation n’étant pas entièrement révolue fut supprimée. Si l’on multiplie 47 par 3 on aura 141. Or 140 fr. à raison de 20 fr. par année de service constituent sept années.</i> […] »</p><p>Parmi les certificats produits à l’appui de la lettre de Cauvin, on trouve celui de Moissenet, ancien supérieur de l’Oratoire du Mans, qui explique que si lui-même entré en 1771 dans la congrégation n’a pas été soumis au nouveau règlement d’admission qu’évoque Cauvin, il peut « assurer positivement qu’il n’a changé en rien les privilèges de ceux qui étaient employés au sortir de l’institution ou de la maison d’étude depuis le règlement, que leurs droits et leurs prérogatives étaient les mêmes que ceux des autres membres de la congrégation » et qu’il en a « vu plusieurs remplir des fonctions administratives avant même qu’ils aient fait leurs trois ans et trois mois d’épreuve. » De juillet à novembre 1821, Cauvin adresse plusieurs lettres à Cuvier à ce sujet. Réunie à nouveau le 8 janvier 1822, la Commission d’instruction publique prend en compte la réclamation de Cauvin et établit le montant de sa pension de retraite à 900 francs en comptant les 6 années passées dans l’Oratoire de 1785 à 1791.</p><p>Auteur en 1825 de <i>Recherches sur les établissements de charité et d’instruction publique du diocèse du Mans</i>, il devient conservateur de la bibliothèque publique du Mans en 1826 et se livre alors à divers travaux d’érudition. Il publie de 1827 à 1833 des <i>Essais de statistique</i> sur les arrondissements de la Sarthe et, en 1838, des <i>Observations topographiques sur le diocèse du Mans</i>. Organisateur des Congrès historiques et scientifiques initiés par A. de Caumont, il est secrétaire général de celui tenu au Mans en 1839, congrès au cour duquel est décidé la création d’un Institut des Provinces dont il devient directeur. Auteur en 1840 d’un <i>Essai sur l’armorial du diocèse du Mans</i>, il publie en 1842 <i>De l’administration municipale dans la Province du Maine</i> et en 1845 une <i>Géographie ancienne du diocèse du Mans</i> qui est couronnée par l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Il rédige la même année ses <i>Souvenirs d’un octogénaire de la ville de Caen</i> et décède l’année suivante au Mans en son domicile rue des Arènes. Sa veuve se manifeste alors auprès de l’administration pour faire valoir ses droits à la réversion du tiers de la pension de retraite qu’elle touche jusqu’en décembre 1847, date de son décès au Mans.</p></div><div style="padding: 0 1.5em; text-align: justify; vertical-align:top;margin-right:20px;float:left;width:42%"><div style="font-variant:small-caps;text-align:center;margin-bottom:20px;">'''Sources'''</div><small><p>[AD Sarthe – L 152 ; AN – C 338, dossier 1597 ; F17/1432 ; F17/1344/5 ; F17*/2181 n°80 ; F17*/2184 n°819 ; F17/20359 (dossier de retraite) ; <i>Almanach de l’Université</i>, 1812, p.245 ; Trébutien, <i>Notice sur Cauvin</i>, Caen, 1846 ; Richelet, « Notice sur Cauvin », <i>Annales de la Société des Sciences et Arts</i>, 1847]</p></small></div></div>
 
<span style="font-variant:small-caps;"> Found a typo? Just edit it.</span><div><div style="padding: 0 1.5em; text-align: justify; width:42%;float:left;margin-left:40px;"><div style="text-align:center;margin-bottom:20px;font-variant:small-caps;">'''Notice'''</div><p><b>-- CAUVIN Thomas*</b> (Caen (Calvados), 5 juillet 1762 – Le Mans, 7 février 1846), est nommé élève suppléant le 24 brumaire par le district du Mans.</p><p>Entré le 8 janvier 1785 dans la Congrégation de l’Oratoire, il réside successivement comme maître d’étude dans les collèges de Juilly, de Nantes et, en 1789, du Mans où il se trouve lors de son admission définitive le 1<sup>er</sup> avril 1791 parmi les membres de la congrégation « sur les témoignages avantageux qui nous ont été rendus par les pères de la maison du Mans, sur la piété, sur la conduite et sur la capacité ». Il est alors confrère. Assermenté, il est nommé en novembre 1792 par le Directoire du département professeur de physique au collège de la ville où il a déjà enseigné de la quatrième à la seconde.</p><p>Signataire de la pétition du 2 germinal, de retour de l’école normale, il est nommé le 11 messidor an IV – 29 juin 1796 professeur d’histoire naturelle à l’École centrale de la Sarthe. Non compris dans l’organisation des Lycées, il se fait employer le 1<sup>er</sup> vendémiaire an XIII – 23 septembre 1804 dans les bureaux de la sous-préfecture de Saint-Calais en qualité de secrétaire et épouse à Paris le 18 nivôse suivant (8 janvier 1805) Louise Remie Verdier, née à La Ferté-Bernard le 5 avril 1776. Il demeure secrétaire particulier du sous-préfet jusqu’en janvier 1808, date à laquelle il est nommé par décret de l’Empereur professeur de cinquième et de sixième classes de mathématiques au lycée d’Angers. Nommé professeur au Lycée de Pontivy le 14 décembre 1809, il y enseigne la physique jusqu’en 1817. Il commence alors à rassembler divers certificats et justificatifs administratifs et écrit, le 1<sup>er</sup> mai 1817, à la Commission d’instruction publique pour faire valoir ses droits à la retraite après 32 années de service dans l’enseignement public, dont 3 passées dans les bureaux de la sous-préfecture de Saint-Calais. La Commission délibère en novembre 1820 : elle fixe à 750 francs le montant de la pension pour 25 ans et 11 mois de services reconnus au sein de l’instruction publique. Sa carrière administrative ne lui est pas comptée et ses services au sein de l’Oratoire ne sont pris en compte qu’à partir de 1791, date à laquelle son entrée dans la congrégation est formellement attestée. Cauvin réagit sur ce dernier point par une longue lettre datée du 31 janvier 1821 où il explique que : « <i>Vers la fin du 18</i>e<i> siècle l’administration de l’Oratoire crut devoir différer l’admission définitive de ses membres. En cela elle agissait très sagement, puisqu’elle ne pouvait renvoyer un sujet définitivement admis, sans le traduire devant les tribunaux tandis que chacun pouvait quitter à son grès la congrégation. Elle recevait donc provisoirement les sujets et les employait dans ses différents collèges. L’Oratoire vivant sous un régime paternel ne s’inquiétait nullement de son sort, convaincu que son existence était pour toujours assise. S’il en eût été autrement, quel homme eût jamais consenti à passer plusieurs années dans ce corps dont il ne recevait annuellement que 120 # pour son entretien, qui professait le plus grand désintéressement et ne lui offrait aucune perspective de fortune. Le temps qu’il passait dans les collèges n’était pas un noviciat. Il jouissait des mêmes avantages que ses plus anciens confrères. Si la révolution ne m’eût pas menacé d’enlever l’état que j’avais choisi, je n’aurais point sollicité la pièce n° 2 </i>[admission définitive dans l’Oratoire]<i> dont j’avais besoin pour constater mes droits à la pension qui devait être accordée aux anciens membres des congrégations, pièce dont on se sert maintenant contre moi.</i></p><p><i>Tous les jours le Conseil royal de l’Instruction publique suit la même marche que la congrégation de l’Oratoire. Il confie </i>provisoirement<i> des emplois aux membres de l’Université qui exercent ainsi plus ou moins longtemps avant que leur nomination soit définitive. Cependant il me regarde comme étranger au corps des </i>fonctionnaires provisoires<i>. Dans la liquidation de leurs pensions de retraite, il leur compte les mêmes années qu’on me rétracte.</i></p><p><i>J’appartenais réellement à l’Oratoire avant le 1</i>er<i> avril 1791. En effet après la suppression des congrégations le gouvernement reçut mes services dans ce corps : il me compta huit années et m’accorda cent soixante dix francs de rente à raison de 20 francs par année de congrégation, conformément à la loi du … août 1792. Lorsque les pensions furent réduites au tiers de leur valeur, la mienne fut fixée à 47 francs parce que la 8</i>e<i> année de congrégation n’étant pas entièrement révolue fut supprimée. Si l’on multiplie 47 par 3 on aura 141. Or 140 fr. à raison de 20 fr. par année de service constituent sept années.</i> […] »</p><p>Parmi les certificats produits à l’appui de la lettre de Cauvin, on trouve celui de Moissenet, ancien supérieur de l’Oratoire du Mans, qui explique que si lui-même entré en 1771 dans la congrégation n’a pas été soumis au nouveau règlement d’admission qu’évoque Cauvin, il peut « assurer positivement qu’il n’a changé en rien les privilèges de ceux qui étaient employés au sortir de l’institution ou de la maison d’étude depuis le règlement, que leurs droits et leurs prérogatives étaient les mêmes que ceux des autres membres de la congrégation » et qu’il en a « vu plusieurs remplir des fonctions administratives avant même qu’ils aient fait leurs trois ans et trois mois d’épreuve. » De juillet à novembre 1821, Cauvin adresse plusieurs lettres à Cuvier à ce sujet. Réunie à nouveau le 8 janvier 1822, la Commission d’instruction publique prend en compte la réclamation de Cauvin et établit le montant de sa pension de retraite à 900 francs en comptant les 6 années passées dans l’Oratoire de 1785 à 1791.</p><p>Auteur en 1825 de <i>Recherches sur les établissements de charité et d’instruction publique du diocèse du Mans</i>, il devient conservateur de la bibliothèque publique du Mans en 1826 et se livre alors à divers travaux d’érudition. Il publie de 1827 à 1833 des <i>Essais de statistique</i> sur les arrondissements de la Sarthe et, en 1838, des <i>Observations topographiques sur le diocèse du Mans</i>. Organisateur des Congrès historiques et scientifiques initiés par A. de Caumont, il est secrétaire général de celui tenu au Mans en 1839, congrès au cour duquel est décidé la création d’un Institut des Provinces dont il devient directeur. Auteur en 1840 d’un <i>Essai sur l’armorial du diocèse du Mans</i>, il publie en 1842 <i>De l’administration municipale dans la Province du Maine</i> et en 1845 une <i>Géographie ancienne du diocèse du Mans</i> qui est couronnée par l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Il rédige la même année ses <i>Souvenirs d’un octogénaire de la ville de Caen</i> et décède l’année suivante au Mans en son domicile rue des Arènes. Sa veuve se manifeste alors auprès de l’administration pour faire valoir ses droits à la réversion du tiers de la pension de retraite qu’elle touche jusqu’en décembre 1847, date de son décès au Mans.</p></div><div style="padding: 0 1.5em; text-align: justify; vertical-align:top;margin-right:20px;float:left;width:42%"><div style="font-variant:small-caps;text-align:center;margin-bottom:20px;">'''Sources'''</div><small><p>[AD Sarthe – L 152 ; AN – C 338, dossier 1597 ; F17/1432 ; F17/1344/5 ; F17*/2181 n°80 ; F17*/2184 n°819 ; F17/20359 (dossier de retraite) ; <i>Almanach de l’Université</i>, 1812, p.245 ; Trébutien, <i>Notice sur Cauvin</i>, Caen, 1846 ; Richelet, « Notice sur Cauvin », <i>Annales de la Société des Sciences et Arts</i>, 1847]</p></small></div></div>
 +
[[Category:Prosopographie]]

Version du 7 novembre 2016 à 14:02

Found a typo? Just edit it.

Notice

-- CAUVIN Thomas* (Caen (Calvados), 5 juillet 1762 – Le Mans, 7 février 1846), est nommé élève suppléant le 24 brumaire par le district du Mans.

Entré le 8 janvier 1785 dans la Congrégation de l’Oratoire, il réside successivement comme maître d’étude dans les collèges de Juilly, de Nantes et, en 1789, du Mans où il se trouve lors de son admission définitive le 1er avril 1791 parmi les membres de la congrégation « sur les témoignages avantageux qui nous ont été rendus par les pères de la maison du Mans, sur la piété, sur la conduite et sur la capacité ». Il est alors confrère. Assermenté, il est nommé en novembre 1792 par le Directoire du département professeur de physique au collège de la ville où il a déjà enseigné de la quatrième à la seconde.

Signataire de la pétition du 2 germinal, de retour de l’école normale, il est nommé le 11 messidor an IV – 29 juin 1796 professeur d’histoire naturelle à l’École centrale de la Sarthe. Non compris dans l’organisation des Lycées, il se fait employer le 1er vendémiaire an XIII – 23 septembre 1804 dans les bureaux de la sous-préfecture de Saint-Calais en qualité de secrétaire et épouse à Paris le 18 nivôse suivant (8 janvier 1805) Louise Remie Verdier, née à La Ferté-Bernard le 5 avril 1776. Il demeure secrétaire particulier du sous-préfet jusqu’en janvier 1808, date à laquelle il est nommé par décret de l’Empereur professeur de cinquième et de sixième classes de mathématiques au lycée d’Angers. Nommé professeur au Lycée de Pontivy le 14 décembre 1809, il y enseigne la physique jusqu’en 1817. Il commence alors à rassembler divers certificats et justificatifs administratifs et écrit, le 1er mai 1817, à la Commission d’instruction publique pour faire valoir ses droits à la retraite après 32 années de service dans l’enseignement public, dont 3 passées dans les bureaux de la sous-préfecture de Saint-Calais. La Commission délibère en novembre 1820 : elle fixe à 750 francs le montant de la pension pour 25 ans et 11 mois de services reconnus au sein de l’instruction publique. Sa carrière administrative ne lui est pas comptée et ses services au sein de l’Oratoire ne sont pris en compte qu’à partir de 1791, date à laquelle son entrée dans la congrégation est formellement attestée. Cauvin réagit sur ce dernier point par une longue lettre datée du 31 janvier 1821 où il explique que : « Vers la fin du 18e siècle l’administration de l’Oratoire crut devoir différer l’admission définitive de ses membres. En cela elle agissait très sagement, puisqu’elle ne pouvait renvoyer un sujet définitivement admis, sans le traduire devant les tribunaux tandis que chacun pouvait quitter à son grès la congrégation. Elle recevait donc provisoirement les sujets et les employait dans ses différents collèges. L’Oratoire vivant sous un régime paternel ne s’inquiétait nullement de son sort, convaincu que son existence était pour toujours assise. S’il en eût été autrement, quel homme eût jamais consenti à passer plusieurs années dans ce corps dont il ne recevait annuellement que 120 # pour son entretien, qui professait le plus grand désintéressement et ne lui offrait aucune perspective de fortune. Le temps qu’il passait dans les collèges n’était pas un noviciat. Il jouissait des mêmes avantages que ses plus anciens confrères. Si la révolution ne m’eût pas menacé d’enlever l’état que j’avais choisi, je n’aurais point sollicité la pièce n° 2 [admission définitive dans l’Oratoire] dont j’avais besoin pour constater mes droits à la pension qui devait être accordée aux anciens membres des congrégations, pièce dont on se sert maintenant contre moi.

Tous les jours le Conseil royal de l’Instruction publique suit la même marche que la congrégation de l’Oratoire. Il confie provisoirement des emplois aux membres de l’Université qui exercent ainsi plus ou moins longtemps avant que leur nomination soit définitive. Cependant il me regarde comme étranger au corps des fonctionnaires provisoires. Dans la liquidation de leurs pensions de retraite, il leur compte les mêmes années qu’on me rétracte.

J’appartenais réellement à l’Oratoire avant le 1er avril 1791. En effet après la suppression des congrégations le gouvernement reçut mes services dans ce corps : il me compta huit années et m’accorda cent soixante dix francs de rente à raison de 20 francs par année de congrégation, conformément à la loi du … août 1792. Lorsque les pensions furent réduites au tiers de leur valeur, la mienne fut fixée à 47 francs parce que la 8e année de congrégation n’étant pas entièrement révolue fut supprimée. Si l’on multiplie 47 par 3 on aura 141. Or 140 fr. à raison de 20 fr. par année de service constituent sept années. […] »

Parmi les certificats produits à l’appui de la lettre de Cauvin, on trouve celui de Moissenet, ancien supérieur de l’Oratoire du Mans, qui explique que si lui-même entré en 1771 dans la congrégation n’a pas été soumis au nouveau règlement d’admission qu’évoque Cauvin, il peut « assurer positivement qu’il n’a changé en rien les privilèges de ceux qui étaient employés au sortir de l’institution ou de la maison d’étude depuis le règlement, que leurs droits et leurs prérogatives étaient les mêmes que ceux des autres membres de la congrégation » et qu’il en a « vu plusieurs remplir des fonctions administratives avant même qu’ils aient fait leurs trois ans et trois mois d’épreuve. » De juillet à novembre 1821, Cauvin adresse plusieurs lettres à Cuvier à ce sujet. Réunie à nouveau le 8 janvier 1822, la Commission d’instruction publique prend en compte la réclamation de Cauvin et établit le montant de sa pension de retraite à 900 francs en comptant les 6 années passées dans l’Oratoire de 1785 à 1791.

Auteur en 1825 de Recherches sur les établissements de charité et d’instruction publique du diocèse du Mans, il devient conservateur de la bibliothèque publique du Mans en 1826 et se livre alors à divers travaux d’érudition. Il publie de 1827 à 1833 des Essais de statistique sur les arrondissements de la Sarthe et, en 1838, des Observations topographiques sur le diocèse du Mans. Organisateur des Congrès historiques et scientifiques initiés par A. de Caumont, il est secrétaire général de celui tenu au Mans en 1839, congrès au cour duquel est décidé la création d’un Institut des Provinces dont il devient directeur. Auteur en 1840 d’un Essai sur l’armorial du diocèse du Mans, il publie en 1842 De l’administration municipale dans la Province du Maine et en 1845 une Géographie ancienne du diocèse du Mans qui est couronnée par l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Il rédige la même année ses Souvenirs d’un octogénaire de la ville de Caen et décède l’année suivante au Mans en son domicile rue des Arènes. Sa veuve se manifeste alors auprès de l’administration pour faire valoir ses droits à la réversion du tiers de la pension de retraite qu’elle touche jusqu’en décembre 1847, date de son décès au Mans.

Sources

[AD Sarthe – L 152 ; AN – C 338, dossier 1597 ; F17/1432 ; F17/1344/5 ; F17*/2181 n°80 ; F17*/2184 n°819 ; F17/20359 (dossier de retraite) ; Almanach de l’Université, 1812, p.245 ; Trébutien, Notice sur Cauvin, Caen, 1846 ; Richelet, « Notice sur Cauvin », Annales de la Société des Sciences et Arts, 1847]